Echange avec les cellules cancéreuses

Les hospicells font de la résistance

Publié le 10/02/2009
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LES HOSPICELLS, présentes dans le micro-environnement tumoral, possèdent de nombreux filopodes, pour piéger les cellules cancéreuses et, par un mécanisme de trogocytose, leur conférer une résistance aux produits de chimiothérapie. Ce nouveau concept qui semble tout droit sorti d’un film de science-fiction, donne une nouvelle voie de recherche pour lutter contre la propagation des cancers.

Massoud Mirshahi, Sandrine Testaz et coll. publient une recherche novatrice sur le micro-environnement des cellules cancéreuses. Les hospicells sont des cellules récemment décrites, présentes dans l’organisme sain mais aussi dans le voisinage des tumeurs cancéreuses (liquide d’ascite, épanchements pleuraux). Les hospicells d’origine mésenchymateuse, sont de grandes cellules dotées de nombreux pseudopodes et filipodes. Chaque hospicell fixe sur son pourtour un grand nombre de cellules cancéreuse et leur sert de « niche » en les protégeant de l’action de la chimiothérapie. De quelle manière ? L’examen au microscope électronique montre la formation de zones de fusion entre les membranes des hospicells et celles des cellules cancéreuses, avec un passage de matériel. Les chercheurs ont observé en particulier le transfert de portions de membrane de l’hospicell à la cellule cancéreuse. Ce phénomène est nommé trogocytose. Or, les hospicells expriment des pompes d’efflux, transporteurs membranaires responsables de l’exportation active des agents chimiothérapiques hors de la cellule. Il est donc suggéré que les cellules cancéreuses pourraient acquérir une résistance lors de leur fixation aux hospicells, via un phénomène de trogocytose, avec le transfert de ces pompes des hospicells aux cellules cancéreuses. L’ensemble hospicells-cellules cancéreuses forme de véritables petits nodules cancéreux, qui pourraient rendre compte de la résistance à la chimiothérapie au bout de plusieurs cures de traitement, des récidives et de l’apparition de métastases. Il importe de trouver des molécules susceptibles à la fois de détruire les cellules cancéreuses et les hospicells.

On sait encore peu de chose sur le nouveau concept hospicell-trogocytose. Si ce n’est qu’il intervient dans des phénomènes immunitaires normaux : recrutement de cellules immunitaires suppressives ou sécrétion de facteurs solubles, qui peut-être aident aussi à la chimiorésistance des cellules cancéreuses.

PLoS One, décembre 2008, volume 3, n° 12, e3894

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : lequotidiendumedecin.fr