Aux Journées françaises de radiologie

L’imagerie optique in vivo à la porte du diagnostic médical

Publié le 28/11/2011
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Le carcinome urothélial de la vessie est le 7e cancer en incidence en France, le 2e cancer urologique et il est responsable de 3 % des décès liés au cancer, rappelle le Dr Pierre Colin (Lille) en soulignant la nécessité de distinguer deux types de tumeurs très différents dans leur évolution : les tumeurs urothéliales non invasives (stades Pta et Pt1 ) ainsi que les lésions planes des carcinomes in situ qui seront traitées par résection endoscopique au bloc opératoire ; et les tumeurs infiltrant le muscle (stades Pt2, Pt3 et Pt4) qui nécessiteront un traitement curatif plus agressif avec cystectomie.

« Afin d’améliorer le dépistage et la résection des lésions non infiltrantes, nous avons recours à l’endoscopie de fluorescence dont le principe est de renforcer le contraste visuel entre les cellules saines et malignes par l’interaction d’une lumière spécifique (illumination de la vessie en lumière bleue) sur un agent photosensibilisant présentant une affinité particulière pour les cellules tumorales. Ce photosensibilisant, instillé directement dans la vessie, sera auto-activé à une longueur d’onde donnée et après son retour à l’état basal, émettra une fluorescence dans la bande rouge du spectre après illumination de la vessie en lumière bleue », explique le Dr Pierre Colin. Le photosensibilisant utilisé est l’acide 5- amino-lévulinique qui induit une accumulation de protophorphyrine IX endogène fluorescente dans les cellules tumorales.

Le système de détection permettant de mettre en évidence les zones fluorescentes est une cystoscopie standard associée à une source de lumière froide au xénon comportant un filtre laissant passer la lumière bleue. L’opérateur peut instantanément passe de la lumière froide à la lumière filtrée de façon à visualiser les zones fluorescentes qui apparaissent rouges et qui peuvent alors être réséquées électivement.

Cystoscopie de fluorescence.

Différentes études multicentriques ont été conduite en Europe en 2004 et 2005 et en Amérique du nord en 2007 pour évaluer l’apport diagnostique de la cystoscopie de fluorescence en lumière bleu avec Hexvix (hexyl aminolevulinate) et son retentissement sur le traitement. Elles mettent en évidence une amélioration de la détection des lésions tumorales non infiltrant le muscle vésical, en particulier des carcinomes in situ apportée par l’utilisation de la cystoscopie de fluorescence avec Hexvix avec un retentissement sur le traitement (procédures opératoires complémentaires, résections plus étendues).

Les résultats d’une méta-analyse récente (2011) dont l’objectif était de déterminer le taux de détection supplémentaire avec la cystoscopie de fluorescence font état d’une augmentation de 20 % de tumeurs supplémentaires et de 40 % de carcinomes in situ visibles en lumière bleue avec une amélioration de la survie sans récidive dans le groupe Hexvix (p = 0,0002).

Selon les recommandations 2010 de la CCAFU (Comité de Cancérologie de l’Association Française d’Urologie), les indications d’Hexvix doivent être réservées à des situations cliniques particulières lésions vésicales multifocales, diamètre tumoral› 3 cm, récidive tumorale précoce, présence d’une cytologie de haut grade G3, surveillance des lésions vésicales à haut risque (T1G3 et CIS). Les recommandations 2011 de l’EAU (Association européenne d’urologie) sont plus restrictives : la résection endoscopiques des lésions vésicales guidée par la fluorescence doit être effectuée en cas de suspicion de carcinome in situ en cas de cytologie positive ou de tumeur récurrente- présentant un antécédent de lésion de haut grade (pT1G3 ou CIS).

Séance thématique organisée par GD-DR3271 imageries in vivo-IMAGIV et le CERF. Communication du Dr Pierre Colin (service d’urologie CHRU Lille)

 Dr Micheline FOURCADE

Source : Le Quotidien du Médecin: 9049