L'INCa veut hisser l'Europe « à l'avant-garde de la lutte mondiale contre le cancer »

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Publié le 04/02/2022

Crédit photo : S.Toubon

En cette journée mondiale de lutte contre le cancer et à l'occasion des Rencontres européennes de l'Institut du cancer (INCa) qui se sont tenues les 3 et 4 février, une déclaration politique, élaborée par un panel d'experts, a été dévoilée. Y sont détaillées 32 actions concrètes contre le cancer.

« Cette première édition des Rencontres européennes, organisée par l’INCa dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (UE), constitue une formidable opportunité d’accélérer et renforcer la lutte contre les cancers au bénéfice des 450 millions de femmes et d'hommes qui vivent sur notre continent », indique le Pr Norbert Ifrah, président de l'INCa, convaincu qu'une meilleure coopération entre les pays placera l'Europe « à l'avant-garde de la lutte mondiale contre le cancer ».

Alors que le cancer pourrait devenir la première cause de mortalité au monde au cours de la prochaine décennie, cette déclaration politique est un engagement fort du trio de la présidence du Conseil de l'UE composée de la France, la République tchèque et la Suède. Ces deux pays vont succéder à la France, respectivement pour le second semestre 2022 et le premier semestre 2023.

Plus de 150 experts réunis

Selon les ministres de la Santé des trois pays, « les Rencontres européennes ont permis de s’accorder sur des propositions ambitieuses visant à renforcer et à dynamiser la coopération pour le déploiement des initiatives du Plan européen contre le cancer et de la mission Cancer, deux programmes aux ambitions et aux moyens inégalés ». La déclaration s'inscrit également en cohérence avec la stratégie décennale française, annoncée il y a un an par le président Emmanuel Macron.

Pour renforcer les liens entre les pays de l'UE au bénéfice des patients, l'INCa a réuni plus de 150 experts en cancérologie (publics ou privés, scientifiques, représentants associatifs) de tous les États membres. Ils sont parvenus à identifier 32 mesures essentielles à mettre en œuvre, articulées autour de cinq thématiques : cancers pédiatriques, cancers de mauvais pronostic, prévention, cancer et emploi et coopération internationale en matière de lutte contre les cancers.

Cette déclaration a vocation à être le support d'une mobilisation européenne, note Thierry Breton, directeur général de l'INCa. « Le travail doit être poursuivi au long cours, pendant la présidence française et celle de nos homologues tchèques et suédois, pour rendre plus opérationnelles ces propositions, au sens où certaines méritent d'être affinées et la plupart sont à organiser avec un calendrier d'actions », précise-t-il.

Vers une Europe sans tabac d’ici à 2040

Concernant les cancers de l'enfant, les trois ministres de la Santé appellent notamment « toutes les parties prenantes des secteurs public et privé à s’engager dans la mise en place d’essais cliniques européens sur les cancers pédiatriques et dans le partage des données de suivi ».

En termes de cancers de mauvais pronostic, « le faible nombre de cas plaide pour une mutualisation et un accompagnement de la recherche clinique au niveau européen », constate Thierry Breton, soulignant qu'en étant isolées, les équipes font face à des grandes difficultés pour traiter ces patients. Le groupe d'experts propose de soutenir des projets de recherche innovants et potentiellement disruptifs (« High-Risk/High-Gain ») à travers des appels à projets dédiés au niveau européen. Un tel dispositif est déjà implémenté en France.

Du côté de la prévention, et alors que 40 % des cancers sont évitables, « une coalition des acteurs européens de la prévention pourrait être créée dans le but de mettre en œuvre des initiatives à fort impact et de grande envergure sur tous les facteurs de risque de cancer connus, par exemple les régimes alimentaires déséquilibrés, la consommation d’alcool, la sédentarité, écrivent les trois ministres dans la déclaration. Le tabagisme est de loin notre principal adversaire. (...) Le cadre européen de lutte antitabac, encore renforcé, devrait nous aider à parvenir à une Europe sans tabac d’ici à 2040. »

Promouvoir le droit à l'oubli au niveau européen

L'actualité nationale résonne par ailleurs, alors que ce 3 février députés et sénateurs se sont mis d'accord pour réduire le droit à l'oubli de dix à cinq ans pour les patients touchés par un cancer notamment. « Nous sommes soucieux de promouvoir ce droit au niveau européen, mais aussi tout ce qui va permettre le retour et le maintien à l'emploi, avec des dispositions qui peuvent être réglementaires », souligne Thierry Breton.

Enfin, il ressort de cette déclaration la volonté de former un groupe de coordination international composé des leaders de la lutte contre le cancer. « Ce groupe rassemblerait les pays les plus avancés dans la lutte contre le cancer pour réunir leur force sur les défis les plus complexes, pour une compétition internationale la plus efficiente possible qui soit source de progrès », détaille le directeur général de l'INCa.

« Nous sommes convaincus du rôle majeur de l’UE dans ce combat, qui chaque année concerne 2,7 millions d’Européens, et de la considérable valeur ajoutée d‘un travail communautaire. La gestion de la pandémie nous a montré à quel point cette collaboration ainsi que les échanges au niveau européen étaient décisifs », estiment Thierry Breton et Norbert Ifrah.


Source : lequotidiendumedecin.fr