L'insuffisance cardiaque, un possible facteur de risque de cancer à explorer

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Publié le 28/06/2021
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Crédit photo : PHANIE

Le cancer, via l'effet cardiotoxique de la chimiothérapie, est associé à un risque augmenté d'insuffisance cardiaque. La relation inverse semble vraie, selon une communication lors du congrès sur l'insuffisance cardiaque organisée par la Société européenne de cardiologie à partir du 29 juin.

Les données proviennent d'une étude observationnelle cas contrôle allemande menée sur plus de 200 000 personnes inscrites dans une base à laquelle contribuent 1 274 médecins généralistes. Dans ce vaste échantillon, 100 124 patients souffrant d'insuffisance cardiaque ont été comparés à 100 124 individus sains. Les patients ont été appariés en fonction du sexe, de l'âge, de la présence d'obésité et de diabète mais aussi de la fréquence à consulter.

À la fin du suivi mené sur 10 ans, l'incidence du cancer était significativement plus élevée dans le groupe insuffisance cardiaque (25,7 %) que dans l'autre groupe (16,2 %). Chez les femmes, la différence était plus importante (28,6 contre 18,8 %, soit 85 % de risque en plus), que chez les hommes (23,2 % contre 13,8 %, soit 69 % de surrisque).

Les chercheurs ont regardé dans le détail les types de cancer. Ils ont constaté que ceux dont le risque était le plus augmenté par la présence d'une insuffisance cardiaque sont les cancers de la lèvre, de la cavité orale et du pharynx, avec un risque doublé.

Un lien causal qui reste à établir

« Nos résultats nous autorisent à spéculer sur l'existence d'une relation causale entre l'insuffisance cardiaque et l'incidence du cancer », analyse le Dr Mark Luedde, de l'université Christian-Albrechts de Kiel.

Une telle relation est biologiquement plausible, dans la mesure où il existe des éléments de preuve expérimentale en faveur de la sécrétion de facteurs stimulant la croissance tumorale chez les insuffisants cardiaques.

Les chercheurs rappellent qu'il existe un certain nombre de facteurs de risque communs à l'insuffisance cardiaque et à l'apparition de cancers, tels que l'obésité et le diabète, mais qu'ils ont été pris en compte dans leur travail. « Nous ne disposons pas d'information sur d'autres facteurs comme la consommation d'alcool et de tabac ou encore l'activité physique », reconnaissent, prudents, les auteurs.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr