Cancer du sein

Mammorisk, un parcours de dépistage personnalisé dès 40 ans

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Publié le 29/10/2021
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Grâce à la compilation de données cliniques associées à une mammographie et à un test génétique salivaire, Mammorisk évalue le risque de chaque patiente de développer un cancer du sein dans les cinq ans à venir. Il permet ainsi un dépistage dont la fréquence et les modalités dépendent de ce risque individuel.
Le Mammorisk s’appuie sur des données cliniques, génétiques et radiologiques

Le Mammorisk s’appuie sur des données cliniques, génétiques et radiologiques
Crédit photo : Phanie

Avec Mammorisk, gynécologues, radiologues et médecins généralistes peuvent proposer un complément au dépistage organisé du cancer du sein aux femmes souhaitant connaître leur risque et bénéficier d'un suivi personnalisé, dès 40 ans.

« Ce qui vaut pour toutes les femmes ne vaut pas pour chacune. Le dépistage de masse, par définition, non personnalisé, est imparfait en manquant de précision, donc parfois de pertinence, souligne le Pr Pascal Pujol, président de la Société française de médecine prédictive et personnalisée. Aujourd’hui, les tests génomiques permettent d’affiner la prévention, pour avancer vers une médecine prédictive capable d’éclairer chaque individu sur son risque réel et personnel. »

Le programme national de dépistage organisé du cancer du sein, pris en charge par l'Assurance-maladie, présente en effet certaines limites. S'il est proposé à toutes les femmes de 50 à 74 ans, dans les faits, moins d'une femme sur deux y participe. De plus, 20 % des nouveaux cas de cancer du sein surviennent entre 40 et 50 ans, et 17 % des cancers se développent dans les deux ans qui séparent les mammographies.
Un score individuel prédictif pour un programme de suivi adapté

Mammorisk est un dispositif médical de classe I, développé en France par la société Predilife, en collaboration avec l’Institut Gustave Roussy (Villejuif) et le Breast Cancer Surveillance Consor­tium (BCSC) aux États-Unis. Il se déploie autour de trois piliers : un questionnaire ciblé avec le médecin (âge, antécédents familiaux et personnels) ; une mammographie (cliché des deux seins avec évaluation de la densité mammaire) ; mais aussi un test salivaire indolore analysé en laboratoire.

« Ce test permet d'obtenir un score de risque polygénique (PRS) mesurant les variations de zones clefs du génome associées à un surrisque de cancer du sein », explique la Dr Nathalie Hauser, gynécologue à Paris et à Boulogne-Billancourt. Ce score de risque polygénique correspond au risque génétique d’un individu de développer une maladie : il est strictement individuel, ne dépend pas de l’histoire familiale et ne se transmet pas à la descendance.

« La compilation des résultats du questionnaire, de la mammographie et du test salivaire - via un algorithme basé sur l'intelligence artificielle – permet de délivrer à nos patientes le pourcentage de risque de développer un cancer du sein dans les cinq ans », poursuit la gynécologue.

Mammorisk peut être proposé aux femmes de 40 à 50 ans intéressées par la prévention précoce du cancer du sein. Il exclut, toutefois, celles dont le risque est très élevé (antécédents familiaux de mutations génétiques...) relevant de consultations spécifiques, en service d’onco-génétique. « En consultation, j'explique toujours l'intérêt de Mammorisk à mes patientes, souligne la Dr Hauser. De fait, en fonction des résultats de ce test, nous pouvons ajuster leur prise en charge. Et surtout, discriminer les femmes ayant un risque plus élevé que la population générale. »

Les résultats de Mammorisk permettent au gynécologue d'établir un compte rendu remis à la patiente et à son médecin traitant. Celui-ci montre la courbe de risque de la population générale et situe le risque de la patiente. Il livre également un tableau avec les examens recommandés et leur fréquence pour chaque patiente. « Grâce à ces résultats, nous pouvons lui proposer un programme personnalisé de suivi pour les cinq années à venir. Nous pouvons également en profiter pour discuter des facteurs de risque individuels évitables (consommation d'alcool, tabagisme, sédentarité, alimentation…). Mammorisk est adapté aux femmes souhaitant s'inscrire dans une démarche proactive de prévention globale en matière de santé », précise la Dr Hauser.

Une nouvelle stratégie à l'étude

Non remboursé par la Sécurité sociale (180 euros) mais partiellement pris en charge par certaines mutuelles, Mammorisk, qui est disponible chez les gynécologues, les radiologues, les géné­ralistes, est encore peu proposé par les médecins. « À terme, tous les gynécologues devraient être formés à proposer Mammorisk et, en particulier à l'intégration du score PRS au sein de tous les facteurs de risque connus », estime la Dr Hauser.

Une étude internationale promue par Unicancer, financée par l’Union européenne et menée à l’Institut Gustave Roussy notamment, vise à évaluer si un dépistage personnalisé du cancer du sein basé sur le risque individuel (dépistage salivaire, densité mammaire, antécédents) est au moins équivalent, voire plus efficace que le dépistage organisé. « Les résultats de cette étude sont prévus pour 2026-2027, annonce la gynécologue. Ils sont très attendus pour conforter nos patientes dans l’intérêt du dépistage personnalisé et de l'adaptation de nos conseils de prévention en consultation. »

D'après un dossier de presse de Predilife

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin