L'activité en oncologie a moins diminué que ce qui était craint lors de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, selon des chiffres communiqués par la commission cancer de la Fédération hospitalière de France (FHF) à l'occasion d'un atelier ouvert à la presse. En première ligne face à l'épidémie, « les établissements publics ont un peu plus souffert que les établissements privés, mais l'oncologie dans son ensemble a plutôt bien tenu », résume le Pr Xavier Troussard, président de FHF Cancer.
En comparant les années 2022 et 2019, on observe que les actes de chirurgie nécessitant au moins une nuit d'hospitalisation ont baissé de 6 % en oncologie contre 11 % pour la totalité de l'activité hospitalière hors urgence. Les hospitalisations hors chirurgie ont, elles, baissé respectivement de 11 et 14 %. Les consultations médicales et l'activité de chirurgie ambulatoire ont même augmenté, respectivement de 29 et 11 % en oncologie (c'est aussi le cas pour les autres spécialités, mais dans une moindre mesure). Les cancers les plus impactés par la crise sanitaire étaient ceux du côlon (-7 % d'exérèse dans les CHU), du sein (-10 %) et ORL (-10 %).
Des inégalités territoriales à prendre en compte
« Ces données sont à interpréter en fonction des données épidémiologiques des cancers et de leurs variations temporelles et spatiales, précise le Pr Troussard. Par ailleurs, il faut aussi tenir compte des inégalités territoriales, du nombre de structures et de leur répartition. »
Sur ce dernier point, l'arrêté publié en avril 2022 et qui vient d'entrer en application depuis fin mai a rebattu les cartes en rehaussant les seuils d'activité au-delà duquel un établissement est autorisé à pratiquer certains actes : 20 interventions par an par structure autorisée en chirurgie gynécologique, 40 pour les pathologies mammaires, digestives, urologiques et thoraciques, 600 patients traités par an pour la radiothérapie, 80 pour la chimiothérapie.
« La FHF Cancer a été très mobilisée sur les réformes des seuils d’autorisation, précise le Pr Troussard. Il est trop tôt pour savoir quel impact elles ont pu avoir sur le niveau d'activité. De notre point de vue, c'est une réforme plutôt bonne car il faut des structures de qualité que l’on ne peut pas avoir si l’on opère un seul patient par an pour une pathologie donnée. En outre, les seuils sont gradués : pour les situations complexes ou les cancers de mauvais pronostic, c’est dans les grands centres qu’il faut opérer. »
Un virage ambulatoire au ralenti
En 2022, la cancérologie représente plus du quart de l'activité des centres hospitaliers publics, soit plus de 7,8 millions de séjours adultes et près de 113 000 séjours enfants, dont 71 % de consultations médicales, 12 % de séjours ambulatoires et 17 % de séjours d'au moins une nuit ou plus. Le taux d'actes chirurgicaux réalisés en ambulatoire reste inférieur à ce qui est observé dans le privé.
« Globalement, on a assisté à une augmentation des activités en ambulatoire, mais cette augmentation a été moins marquée dans les CHU, explique le Pr Troussard. La raison tient avant tout au type de public que l'on reçoit dans les CHU : nous acceptons tout le monde, y compris beaucoup de personnes précaires et de cas qui nous viennent des urgences qui ne peuvent pas être traités en ambulatoire. »
Aujourd'hui, les établissements publics conservent la majorité des parts de marché en ce qui concerne les soins en oncologie, fait valoir la FHF, puisqu'ils concentrent 63 % des hospitalisations et 42 % des séjours en ambulatoire.
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