Alors que les progrès ont diminué les amputations

Sus aux mauvaises prises en charge initiales des sarcomes

Publié le 28/11/2011
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LES ÉQUIPES de l’IGR dénoncent un manque d’information au sein même de la profession médicale et du grand public, conduisant à un retard diagnostique, une première intervention fréquemment inappropriée et à une prise en charge tardive. Raisons pour lesquelles le Dr Sylvie Bonvalot a organisé les 24 et 25 novembre le séminaire « e-SURGE », premier programme européen de formation des professionnels, entièrement dédié à la chirurgie des sarcomes et des GIST (une forme de sarcome des tissus mous abdominal).

Les sarcomes se développent dans les tissus de soutien. On distingue les sarcomes osseux et les sarcomes des tissus mous situés dans l’abdomen ou les membres (tumeurs des muscles ou des tissus de soutien des organes viscéraux). « Une masse d’au moins 5 cm évolutive, persistante, profonde, située dans un membre doit alerter les médecins sur la possibilité d’un sarcome des tissus mous et orienter le patient vers une équipe pluridisciplinaire spécialisée », explique un communiqué de l’IGR. De même, les grosses masses de l’abdomen doivent faire penser à un sarcome dont la chirurgie est très spécifique et a beaucoup évolué.

« Une étude récente (Mastrangelo et coll., BMC Public Health, avril 2010) a montré qu’un patient sur deux atteints de sarcome des tissus mous de stade précoce, curable, est mal diagnostiqué ou mal pris en charge. » Seuls quelques établissements en France (dont l’IGR) disposent d’équipes hautement spécialisées habituées à diagnostiquer et à traiter cette maladie.

Si la moyenne d’âge des sarcomes des tissus mous est de 55 ans, ils ne sont pas rares chez les plus jeunes, voire les adolescents. « C’est dans cette population que le sarcome risque d’être mal diagnostiqué. Une première intervention mal appropriée, comme des drainages sur un diagnostic d’hématome ou une chirurgie incomplète peut aggraver la situation et conduire à l’amputation d’un membre. »

Perfusion de membre isolé.

Les progrès reposent, d’une part, sur les techniques d’ablation chirurgicale et de reconstruction (par lambeau libre ou pédiculé, microchirurgie…) et, d’autre part, sur la technique dite de « perfusion de membre isolée ». Cette technique, développée en France par les équipes de l’IGR, a permis de réduire de façon importante le nombre d’amputations, de guérir plus de malades et de leur assurer une bonne qualité de vie. La perfusion de membre isolée se déroule en deux étapes : d’abord, on isole le membre de la circulation sanguine en mettant en place une circulation extracorporelle ; puis on perfuse ce membre isolé avec une forte dose de chimiothérapie chauffée. L’objectif est de réduire la taille de la tumeur afin qu’elle soit opérable et que le membre soit préservé.

La chirurgie et la radiothérapie permettent de traiter et de guérir près de 70 % des cas de sarcomes des tissus mous.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9049