Cancer de l’ovaire et de la prostate

Un anti-PARP prolonge la survie sans progression

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Publié le 18/10/2019

Présentées au congrès de l’ESMO, les études PAOLA-1, dans le cancer de l’ovaire avancé, et PROfound, dans le cancer de la prostate résistant à la castration métastatique (CPRCm), démontrent un bénéfice en termes de survie sans progression (radiographique pour le CPRCm) chez les patient(e)s traité(e)s par l’inhibiteur de PARP Olaparaib (Lynparza).

Crédit photo : Phanie

Présenté par la Pr Isabelle Ray-Coquard (Centre Léon Bérard, présidente du groupe GINECO, Lyon), l’essai de phase III PAOLA-1 (1) a été mené chez 806 patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire séreux ou endométroïde nouvellement diagnostiqué de stade III-IV, des trompes de Fallope ou péritonéal. En réponse après une première ligne de traitement incluant le bévacizumab, les patientes étaient randomisées entre un traitement de maintenance par olaparib (pendant 2 ans) associé au bevacizumab ou un placebo combiné au bevacizumab.

Cancer de l’ovaire : un risque de progression réduit de 41 % avec l’ajout de l’olaparib

Les résultats ont mis en évidence une survie sans progression (SSP) prolongée de plus de 5 mois grâce à l’ajout de l’olaparib : 22,1 mois vs 16,6 mois (RR = 0,59 ; p < 0,0001). Dans le sous-groupe de patientes avec mutation du gène BRCA (n = 237), les patientes sous bevacizumab/olaparib atteignaient 37,2 mois de SSP (versus 21,7 mois dans le bras bevacizumab/placebo), soit une réduction de 69 % du risque de progression. Chez les patientes avec un déficit de réparation par recombinaison homologue (n = 387), la SSP était également de 37,2 mois avec l’ajout de l’olaparib (versus 17,7 mois), soit une réduction de 67 % du risque de progression.

« L’objectif de la première ligne de traitement, dont la maintenance, chez les patientes avec un cancer de l’ovaire avancé nouvellement diagnostiqué, est de retarder la rechute. Malheureusement, le risque de rechute est élevé, avec deux femmes sur trois en rechute dans les trois ans qui suivent le diagnostic initial, explique la Pr Isabelle Ray-Coquard. Dans PAOLA-1, les résultats obtenus avec l’ajout de l’olaparib au bevacizumab sont significatifs et peuvent changer la pratique clinique chez les patientes avec un cancer de l’ovaire avancé et traitées en première ligne de maintenance ».

Concernant le profil de tolérance, les toxicités sévères (grade ≥ 3) étaient de 57 % sous bevacizumab/olaparib versus 51 % dans le groupe bevacizumab/placebo. Les effets indésirables les plus fréquents (≥20 %) étaient des nausées (53 %), de la fatigue (53 %), de l’hypertension (46 %) et de l’anémie (41 %).

Cancer de la prostate BRCA1/2 ou ATM muté : un doublement de la survie sans progression radiographique sous olaparib

L’étude de phase III PROfound (2) a inclus 387 hommes ayant un CPRCm, avec une mutation d’un des gènes de la voie de réparation par recombinaison homologue (HRRm), dont BRCA1/2, ATM et CDK12, et en échec à une nouvelle hormonothérapie (telle que l’abiratérone ou l’enzalutamide). Les patients recevaient soit de l’olaparib, soit un traitement au choix de l’investigateur (abiratérone ou enzalutamide).

Chez les patients ayant une mutation BRCA1/2 ou ATM, les résultats ont montré une amélioration de la SSP radiographique (SSPr, objectif principal) de près de 4 mois dans le bras olaparib (7,4 versus 3,6 mois ; p < 0,0001), soit une réduction du risque de progression de 66 %. Chez l’ensemble des patients (avec mutation BRCA1/2, ATM, CDK12 et des 11 autres gènes HRRm), la SSPr était également prolongée sous olaparib (5,8 versus 3,5 mois ; p < 0,0001), avec une réduction de 51 % du risque de progression. Les résultats de cette analyse intermédiaire montrent également une tendance favorable concernant l’amélioration de la survie globale sous olaparib chez les patients avec mutation BRCA1/2 et ATM (18,5 mois versus 15,1 mois ; p = 0,0173) ainsi que chez les patients HRRm (17,5 mois versus 14,3 mois ; p = 0,0063).

Quant au profil de tolérance, les effets secondaires les plus fréquents (≥ 20 %) sous olaparib étaient l’anémie (47 %), les nausées (41 % dont 22 % de grade ≥ 3) et la fatigue/asthénie (41 %).

(1) Ray-Coquart I.L. et al, ESMO 2019, Abstract #LBA2_PR
(2) Hussain M. et al, ESMO 2019, Abstract #LBA12_PR

Karelle Goutorbe

Source : lequotidiendumedecin.fr