Un logiciel pour analyser les biopsies du cancer du sein

LE DIAGNOSTIC d’un cancer et l’estimation de son pronostic reposent encore largement sur l’examen microscopique du tissu suspect et l’interprétation morphologique des coupes histologiques.

Le grade histologique est utilisé pour évaluer l’agressivité d’un carcinome et le pronostic de la patiente. Toutefois, pour déterminer le grade d’un cancer du sein, l’anatomopathologiste examine seulement un petit groupe de caractéristiques morphologiques des cellules épithéliales du cancer du sein (tubules, atypies nucléaires et activité mitotique épithéliale) qui n’ont pas beaucoup changé depuis la fin des années 1920.

Beck et coll., de l’Université de Stanford en Californie, ont maintenant développé un système par ordinateur, surnommé C-Path (pour Computational Pathologist), pour analyser les images microscopiques et quantifier plus de 6 000 caractéristiques morphologiques de l’épithélium et du stroma du cancer du sein.

Utilisant ce système, ils ont construit un modèle pronostique reposant sur l’analyse des images microscopiques d’une cohorte néerlandaise de 248 patientes ayant un cancer du sein (Netherlands Cancer Institute).

Ils ont ensuite validé ce modèle pronostique sur une cohorte canadienne de 328 patientes ayant un cancer du sein (hôpital général de Vancouver).

Ils montrent que le modèle est un bon prédicteur de survie dans ces deux cohortes, et procure une information pronostique supérieure aux facteurs pronostiques cliniques, moléculaires et pathologiques.

Sur les 11 caractéristiques les plus fortement associées à la survie, 8 viennent des cellules épithéliales cancéreuses et 3 viennent de l’environnement tumoral ou stroma adjacent. Mais, de façon tout à fait surprenante, un modèle pronostique basé uniquement sur les 3 caractéristiques du stroma prédit mieux la survie qu’un modèle reposant sur les caractéristiques de l’épithélium, et il prédit aussi bien la survie qu’un modèle fondé sur toutes les caractéristiques.

L’importance du stroma.

Sur les trois caractéristiques du stroma associées au mauvais pronostic, l’une a déjà été impliquée dans la progression du cancer ; il s’agit de la présence de cellules inflammatoires dans le stroma.

Les deux autres caractéristiques, dont la présence de fins cordons de cellules épithéliales infiltrant le stroma, n’ont pas encore été associées au pronostic du cancer du sein.

« Ces résultats identifient la structure morphologique du stroma comme un déterminant pronostique non reconnu jusqu’ici pour le cancer du sein », concluent les chercheurs.

La disponibilité de ce système C-Path, offrant une méthode objective précise pour prédire le pronostic des patientes, serait précieuse dans les études cliniques mais aussi dans les régions du monde ou l’on manque d’experts en anatomopathologie.

Toutefois, des etudes supplémentaires sont encore nécessaires avant que cette méthode puisse être introduite en pratique clinique; il sera important notamment de valider ce système sur des échantillons de patientes dans le cadre d’une étude clinique prospective.

Science Translational Medicine, Beck et coll., 9 novembre 2011