UNE PETITE PROTÉINE détectable dans les urines, la lipocaline 2, pourrait être utilisée en pratique pour dépister précocement les cancers du sein invasifs. Des chercheurs américains du Children’s Hospital Boston viennent en effet de montrer que la molécule stimule la dédifférenciation cellulaire dans les cancers du sein, ce processus à l’origine de la perte d’adhérence, de la mobilité et de la prolifération des cellules tumorales. La molécule serait ainsi prédictive du caractère invasif de la tumeur.
In vitro, les chercheurs ont en effet constaté qu’en induisant la production de lipocaline 2 sur des cellules tumorales humaines, leur mobilité et leur potentiel invasif étaient significativement majorés. Inversement, en inhibant la production de la protéine dans des modèles de tumeur agressive, la migration cellulaire était réduite. De même, in vivo, après transplantation de cellules tumorales humaines chez l’animal, il est apparu que les tumeurs à fort taux de lipocaline 2 étaient localement plus invasives et davantage à risque de métastases ganglionnaires.
Les chercheurs suggèrent que l’effet de la lipocaline 2 s’exercerait en baissant la sensibilité aux estrogènes de la tumeur, via de faibles taux de récepteurs alpha. Il semblerait par ailleurs que la diminution de ces récepteurs particuliers accélère la dédifférenciation cellulaire.
Cliniquement, l’équipe a bien constaté que les taux urinaires de lipocaline 2 étaient significativement plus élevés chez des femmes ayant un cancer du sein invasif. L’utilisation de ce marqueur en pratique permettrait ainsi de guider la prise en charge et de cibler les patientes nécessitant une thérapeutique agressive. À moins que la protéine ne serve de cible à de futures thérapeutiques, ce que les chercheurs n’excluent pas.
Proc Natl Acad Sci USA, 23 février 2009.
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