Cancers de l’adolescent et de l’adulte jeune

Un pronostic moins bon que ceux des enfants

Publié le 09/02/2009
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Après les AVP et les suicides

En 2005, en France, le nombre de nouveaux cas de cancers chez l’adulte était estimé à 320 000 (180 000 chez l’homme : prostate, poumon, colorectal ; 140 000 chez la femme : sein, colorectal, poumon).

Le registre national des tumeurs de l’enfant de moins de 15 ans fait état de 1 500 nouveaux cas par an dont 29 % de leucémies, 19 % de tumeurs cérébrales, 10 % de lymphomes, 9 % de neuroblastomes et 8 % de néphroblastomes (tumeurs embryonnaires les plus fréquentes), 4 % de tumeurs germinales malignes et 2 % de tumeurs épithéliales.

Les adolescents et adultes jeunes de 15 à 29 ans représentent 20,1 % de la population (15-19 ans : 6,7 %, 20-24 ans : 6,3 %, 25-29 ans : 7,1 %) ; la mortalité par cancer représente la 3 e cause de mortalité après les accidents de la voie publique et les suicides.

Deux pour cent de l’ensemble des cancers surviennent chez les sujets âgés de 15 à 24 ans. Il n’existe pas de registre national du cancer chez l’adulte en France. D’après une étude réalisée à partir de l’étude de 9 registres départementaux sur les cas diagnostiqués entre 1978 et 1997, on évalue approximativement à 700 nouveaux cas/an chez les 15-19 ans et 1 000 nouveaux cas par an chez les 20-24 ans. Le taux d’incidence brut global chez les 15-19 ans est de 161,4/ million d’adolescents avec un sex ratio H/F de 1,3 et chez les 20-24 ans de 252,6/million d’adultes jeunes avec un sex ratio H/F de 1,2 (1).

Types de cancers

Les cancers sont à la fois de « type pédiatrique » et de « type adulte  ». Dans la tranche d’âge 15-19 ans les lymphomes représentent 24,8 % des cancers, les tumeurs de type adulte 21,5 % (dont 7,4 % de mélanomes et 4,7 % de cancers thyroïdiens), les tumeurs germinales 13,3 %, les leucémies 12,5 %, les tumeurs du SNC 10,2 % les tumeurs osseuses 9,8 % et les sarcomes des tissus mous 7,2 %. Dans la tranche d’âge 20-24 ans, les tumeurs de type adulte prédominent avec 33,3 % (dont 10,9 % de mélanomes et 6,7 % de cancers thyroïdiens), puis viennent les lymphomes (22,5 %), les tumeurs germinales (20,1 %), les leucémies (9,1 %), les tumeurs du SNC (6,3 %) les sarcomes des tissus mous (5,9 %) et les tumeurs osseuses (3 %).Il existe une tendance à l’augmentation annuelle de l’incidence de 1,5 % en Europe des cancers chez les 15-19 ans avec une augmentation des carcinomes, lymphomes et tumeurs germinales, alors que l’augmentation annuelle est de 1 % chez les enfants de moins de 15 ans (2).

Survie

Dans l’étude de Desandes et al., la survie globale à 5 ans des adolescents de 15-19 ans atteints de cancers en France est de 69,1 %, celle des adultes jeunes de 20-24 ans est de 74,5 %.

Il existe une augmentation de la survie des patients de 15-24 ans qui est passée de 62 % à 80 % de 1978 à 1997. Cette évolution est comparable en Angleterre et aux Pays-Bas.

En revanche, alors que la survie globale à 5 ans a augmenté de 1,5 % par an chez les enfants et les adultes de plus de 35 ans aux États-Unis sur la période 1975-1997, cette augmentation annuelle de survie n’a été que de 0,5 % chez les 15-24 ans, et il n’y a pas d’augmentation annuelle de la survie globale des patients de 24-34 ans pendant cette période (3).

La survie des adolescents de 15-19 ans présentant des LAL, LNH, ostéosarcomes et tumeurs d’Ewing comparée à celle des enfants de moins de 15 ans est moins bonne en Europe sur la période 1988-1997 et aux États-Unis sur la période 1985-1999 (4).

Plusieurs études ont montré que la survie des adolescents était moins bonne lorsqu’ils étaient traités selon des protocoles adultes que lorsque ils étaient traités selon des protocoles pédiatriques, en particulier pour les LAL et LAM.

Certains éléments de réponse pourraient rendre compte de la moindre survie des adolescents comparée à celle des enfants pour des pathologies identiques : la moindre inclusion dans les essais thérapeutiques des adolescents de 15 à 19 ans (7 à 10 %) par rapport aux enfants (75 %), l’utilisation de traitements différents (en particulier de protocole de type adulte et non pédiatrique), l’existence d’une biologie différente et les caractéristiques de cette population avec un fréquent retard au diagnostic et une moindre compliance au traitement.

L’épidémiologie des cancers de l’adolescent et de l’adulte jeune est spécifique, différente de celle de l’enfant et de celle de l’adulte, différente entre 15-19 ans et 20-25 ans, avec des types de tumeurs variés. Il est indispensable de mieux connaître cette population et dans ce but une étude de faisabilité sur l’enregistrement des 15-19 ans dans le registre national pédiatrique en France est en cours.

(1) Desandes et al. Bull du cancer 2007.

(2) E. Steliarova-Foucher et al. Lancet 2004.

(3) Bleyer et al. Curr Probl Pediatr Adolesc Health Care 2005.

(4) E. Desandes. Cancer Treat Rev 2007.

D’après la communication du Dr Valérie Laurence, oncologie médicale, Institut Curie, lors des Entretiens du DOM, organisés par l’Institut Curie avec le soutien de Novartis Oncologie.

Dr NATHALIE FRANCK

Source : lequotidiendumedecin.fr