Trastuzumab, pertuzumab et docetaxel

Un trio néoadjuvant performant dans le cancer du sein

Publié le 09/12/2011
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Crédit photo : S Toubon

ON SAIT QUE 20 à 25 % des cancers du sein surexpriment HER2. Et qu’un anticorps monoclonal humanisé dirigé contre HER2, le trastuzumab, associé à la chimiothérapie améliore de façon significative le taux de réponse, le délai de progression et la survie globale par rapport à la chimiothérapie seule. De plus, chez les femmes qui ont un cancer opérable, le trastuzumab améliore la survie sans maladie et la survie globale quand il est administré pendant un an en association avec la chimiothérapie ou de façon séquentielle avec elle.

Ces bons résultats obtenus avec le trastuzumab ont conduit à rechercher d’autres médicament ciblant HER2, capables d’améliorer les résultats du trastuzumab.

Le pertuzumab est un anticorps monoclonal également dirigé contre HER2 mais agissant à un autre site que le trastuzumab. Ce qui fait que les deux anticorps monoclonaux ont des mécanismes d’action complémentaires.

Dans les cas de cancer opérable ou localement avancé, l’administration de traitements avant chirurgie (traitement néoadjuvant) est apparue comme une approche positive pour permettre une chirurgie pour les cas initialement inopérables ou pour permettre de sauver le sein au lieu de pratiquer une mastectomie.

C’est dans ce contexte que « The Lancet Oncology » publie les résultats de l’étude NeoSphere.

Cette étude multicentrique de phase II a été réalisée en ouvert chez des femmes atteintes d’un cancer du sein HER2+ de plus de 2 cm, naïves de tout traitement, et dont la maladie était stratifiée de la façon suivante : cancer opérable (T2-3, N0-1, M0), cancer localement avancé (T2-3, N2-3, M0 ; ou bien T4a-c, N indifférent et M0) et cancer inflammatoire T4d, N indifférent, M0).

Ces femmes ont été assignées dans des rapports 1:1:1:1 à l’un des groupes suivants de quatre cycles de traitement néoadjuvant :

- groupe A : trastuzumab plus docetaxel ;

- groupe B : pertuzumab plus trastuzumab plus docetaxel ;

- groupe C : pertuzumab plus trasztuzumab ;

- groupe D : pertuzumab plus docetaxel.

Le taux de réponse pathologique complète.

La réponse tumorale (examen clinique du sein) était évaluée à chaque cycle. Les patientes bénéficiaient d’un examen clinique, d’une mammographie et d’une échographie (en fonction des pratiques locales) avant chirurgie du sein. La pièce opératoire était évaluée localement pour l’étude de la « réponse pathologique complète ». Le critère principal de l’étude était cette réponse pathologique complète, à savoir : l’absence de cellules néoplasiques invasives à l’examen microscopique de la pièce opératoire.

Parmi les 417 patientes éligibles, 107 ont été assignées dans les groupes A, B et C et 96 dans le groupe D.

Les patientes du groupe B (pertuzumab plus trastuzumab plus docetaxel) avaient un meilleur taux de réponse pathologique complète (49 sur 107, soit 45,8 %) que celles du groupe A - recevant trastuzumab plus docetaxel - (31 sur 107, soit 29 %). Par ailleurs, 23 des 96 femmes recevant pertuzumab plus docetaxel (groupe D) avaient une réponse pathologique complète (soit 24 %), de même que 18 des 107 femmes recevant pertuzumab plus trastuzumab (16,8 %).

Les effets secondaires de grade 3 ou plus les plus fréquents étaient une neutropénie fébrile (respectivement, dans les groupes A à D : 8 cas, 9 cas, 0 cas, 7 cas) et une leucopénie (13, 5, 0, 7).

« Les patientes recevant pertuzumab plus trastuzumab plus docetaxel (groupe B) avaient une amélioration de la réponse pathologique complète par rapport aux femmes recevant trastuzumab plus docetaxel, sans différence notable en terme de tolérance, concluent les auteurs. L’association pertuzumab et trastuzumab sans chimiothérapie a éradiqué des tumeurs chez certaines femmes et a montré un profil de tolérance favorable. Ces résultats justifient des explorations complémentaires et supportent l’approche néoadjuvante pour accélérer l’évaluation médicamenteuse dans le cancer du sein. »

Luca Gianni et coll. The Lancet Oncology, publication en ligne du 7 décembre 2011.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9056