Une qualité de vie parfois non préservée

Vaincre le cancer, l’étape d’après

Publié le 31/10/2012
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UNE FOIS passée la bataille contre le cancer, tout n’est pas fini pour autant. Si la santé physique et mentale peut être globalement équivalente dans certains cancers, tels que le sein, la prostate et le mélanome, la qualité de vie peut être très altérée dans d’autres, comme les cancers ORL, colorectaux et leucoses. Près de 25 % des survivants de cancer se plaignent d’une mauvaise santé physique et 10 % d’une santé mentale médiocre, par rapport à 10 et 6 % respectivement dans la population saine.

Ces résultats préoccupants proviennent de l’analyse de données américaines issues d’une large étude nationale menée en 2010 par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC). L’équipe d’épidémiologistes soutenue par les CDC et les National Cancer Institute (NCI) et dirigée par le Pr Kathryn Weaver du Wake Forest Baptist Medical Center a ainsi identifié 1 822 survivants de cancer, puis les a comparés à 24 804 sujets indemnes de pathologie tumorale. La qualité de vie était évaluée du point de vue patient sur des critères tels que la dépression, la douleur et l’asthénie, à l’aide d’une échelle de 10 items.

Cancers ORL, colo-rectaux et leucoses.

« Ces résultats devraient aider les médecins à identifier les sujets à risque sur le long terme après un cancer », souligne le Pr Weaver. Près de 40 % des patients ayant eu un cancer ORL, hématologique ou colorectal ou encore ceux dont l’espérance de vie à cinq ans ne dépasse pas les 25 %, comme c’est le cas dans certains cancers du foie, du pancréas ou des poumons, rapportent davantage de problèmes physiques ayant un impact négatif sur leur qualité de vie. Ces derniers au sombre pronostic et les sujets ayant un cancer ORL souffrent d’une moins bonne santé mentale, qui affecte leur bien-être dans la vie de tous les jours.

Les patients atteints de cancer se posent beaucoup de questions sur « la période d’après ». « Mieux identifier les symptômes ou problèmes que rencontrent les patients après le traitement, asthénie, douleur, dépression, sommeil ou troubles cognitifs, et les diriger vers les bons interlocuteurs est la clef de l’amélioration de leur santé à long terme », estime le Pr Weaver. Et d’insister sur la nécessité d’un suivi prolongé chez certains patients, en particulier en cas de cancers ORL, hématologiques et d’autres plus rares, parfois des années après le diagnostic initial.

Cancer Epidemiology, Biomarkers et Prevention, publié en ligne le 30/10/2012.

Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 9183