Insuffisance cardiaque : l'Assurance-maladie lance une campagne pour mieux faire connaître les signes d'alerte

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Publié le 20/09/2022

Crédit photo : Twitter CNAM

« Insuffisance cardiaque : et si votre cœur essayait de vous dire quelque chose ? ». Afin de mieux faire connaître les signes d'alerte de l'insuffisance cardiaque et favoriser le diagnostic précoce, l'Assurance-maladie et ses partenaires (1) lancent une campagne de sensibilisation à destination du grand public et des professionnels de santé. Celle-ci débutera le 25 septembre, en amont de la journée mondiale du cœur du 29 septembre.

L'objectif : inciter les Français à être attentifs à ces symptômes et à en parler à leur médecin sans attendre, pour éviter un retard au diagnostic délétère. Les médecins sont invités à rechercher systématiquement ces symptômes en consultation, en particulier chez les 60 ans et plus.

« Le médecin généraliste doit être proactif pour rechercher ces symptômes, identifier les patients à risque. Il peut aussi initier la prise en charge, a souligné la Dr Julie Chastang, médecin généraliste et secrétaire générale adjointe du Collège de la médecine générale lors d'un point presse. C'est un acteur central, au cœur du parcours de soins du patient insuffisant cardiaque. »

Entre 400 000 et 700 000 Français non diagnostiqués

Le Dr Dominique Martin, médecin-conseil national de la Caisse nationale de l’Assurance-maladie (Cnam) a rappelé que « l'insuffisance cardiaque est mal connue et insuffisamment bien prise en charge, entraînant des effets sur la qualité de vie et la mortalité ». En France, l'insuffisance cardiaque est pourtant la première cause d'hospitalisation chez les 65 ans et touche 1,5 million de personnes (2,3 % de la population adulte). La pathologie, dont l'incidence va continuer d'augmenter, cause 70 000 décès par an.

Pour ce premier volet d'une campagne à vocation pluriannuelle, l'accent est mis sur les quatre signes d'alerte de l'insuffisance cardiaque que sont l'essoufflement inhabituel, une prise de poids rapide, le gonflement des pieds et des chevilles (œdèmes) et une fatigue excessive. Chacun d'eux n'est pas spécifique de l'insuffisance cardiaque, mais leur association ou leur survenue récente doit alerter.

Selon une étude BVA menée en juin 2022 pour l'Assurance-maladie (2), 20 % des médecins interrogés estiment que ces signes d’alerte ne sont pas faciles à identifier et un quart considère que le diagnostic est difficile à établir. Du côté des patients, la méconnaissance de la pathologie concerne aussi les personnes diagnostiquées, « qui ne sont pas très au fait des signes d'évolution », a rapporté le Dr Martin.

Ces écueils représentent un frein au diagnostic et à une prise en charge optimale. On estime ainsi qu'entre 400 000 et 700 000 personnes ne sont pas diagnostiquées. Tout l'enjeu de cette campagne est de parvenir à réduire ce nombre et ainsi limiter le risque de décompensation, qui peut conduire à une hospitalisation, voire au décès.

Des outils pour optimiser la prise en charge

Face à ces constats, la communauté médicale se mobilise pour favoriser le repérage précoce et améliorer les parcours de soins des patients. Éducation des patients et du grand public, télémédecine, le Pr Christophe Leclercq, président de la Société française de cardiologie, a présenté les diverses pistes envisagées, soulignant l'importance d'une prise en charge collective et le rôle essentiel des infirmiers en pratique avancée (IPA), alors que le nombre de cardiologues décline.

Pour fluidifier le parcours de soins des patients, l'Assurance-maladie veut de son côté déployer davantage Prado, son service de retour à domicile, appliqué en 2013 à l'insuffisance cardiaque. Ce dispositif prévoit notamment qu'un conseiller de l'Assurance-maladie aide le patient à planifier ses premiers rendez-vous avec les différents professionnels de santé de ville. Depuis son lancement, 85 000 insuffisants cardiaques ont bénéficié du service, dont 13 500 en 2021. « L'objectif des prochaines années est d'en faire bénéficier trois fois plus, soit 40 000 par an, ce qui représente un tiers de la population éligible », avance l'Assurance-maladie. Selon une évaluation du dispositif menée en 2019, le taux de décès à six mois était de 10,3 % chez les patients bénéficiant de Prado contre 13 % chez les patients du groupe témoin.

L'Assurance-maladie propose aussi depuis 2021 « un outil de diagnostic territorial permettant aux professionnels de santé d'identifier sur l'ensemble du parcours de soins les points de rupture dans la prise en charge en fonction des territoires », a expliqué Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à la Cnam. Cet outil vise ainsi à orienter les plans d'actions au niveau notamment des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI).

En juillet 2021, 11 propositions d’actions concrètes de court et moyen termes avaient par ailleurs été formulées dans le cadre d'une démarche nationale pour optimiser le parcours de soins des patients insuffisants cardiaques et améliorer leur qualité de vie.

Un prochain volet sur les réflexes à adopter par les patients

La campagne de l'Assurance-maladie se déclinera à travers un spot TV, un spot radio, des insertions dans la presse, des affiches, une vidéo pédagogique diffusée dans les pharmacies et les salles d’attente de maisons pluriprofessionnelles de santé, ainsi que des posts sur les réseaux sociaux. Les professionnels de santé seront également sensibilisés par l’Assurance-maladie via les canaux d’informations dédiés.

Prévu en 2023, le deuxième volet de la campagne sera axé sur les bons réflexes à adopter par les patients insuffisants cardiaques : pratiquer de l'exercice physique, se peser tous les jours, avoir une bonne observance des traitements et ne pas saler ses aliments.

(1) Société française de cardiologie, Collège de la médecine générale et associations de patients.
(2) Enquête « Les seniors et l'insuffisance cardiaque » réalisée du 10 juin au 1er juillet auprès d'échantillons représentatifs de 1 733 Français ≥ 60 ans par internet et par téléphone ainsi que 300 médecins généralistes libéraux ou mixtes par internet.


Source : lequotidiendumedecin.fr