Insuffisance cardiaque à fraction d'éjection préservée

L'empagliflozine, enfin un traitement efficace !

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Publié le 20/09/2021

Pour la première fois, un traitement médicamenteux, l’empagliflozine, fait clairement la preuve de ses bénéfices dans l’insuffisance cardiaque à fraction d'éjection préservée (ICFEp). Présentée au récent congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC), cette avancée est majeure dans un syndrome jusqu’alors dénué de réelles ressources thérapeutiques.

Crédit photo : phanie

Les résultats de l’étude EMPEROR-Preserved étaient très attendus et ils sont à la hauteur des espérances : l’empagliflozine est efficace dans l’ICFEp. Cet essai avait inclus 5 988 patients ayant une insuffisance cardiaque (IC) avec une fraction d'éjection ventriculaire gauche (FEVG) > 40 %, un NT-pro-BNP > 300 pg/ml, un antécédent d’hospitalisation pour IC ou des preuves d’une anomalie cardiaque structurelle (1).

Une baisse de 27 % des hospitalisations pour IC

Après un suivi de 26 mois, le traitement a permis, comparativement au placebo, de réduire de 21 % le critère principal composite associant décès cardiovasculaires et hospitalisations pour IC et de 27 % les hospitalisations pour IC. Il a en outre ralenti le déclin du débit de filtration glomérulaire (DFG).

« Le traitement a également entraîné une nette baisse des décès cardiovasculaires, bien que non significative. En revanche, il n’a pas eu d’impact sur la mortalité globale, ce qui n’est guère étonnant chez ces patients dont le pronostic est fortement lié aux comorbidités, rapporte le Pr Michel Galinier. L’essentiel est la réduction des décompensations et des hospitalisations. Il s’agit là d’une avancée majeure, puisque nous disposons pour la première fois d’un traitement efficace dans ce contexte. Certes, des critiques peuvent être faites, la FEVG était modérément réduite et non pas préservée chez certains patients, mais la tendance positive persiste au-delà de 60 % de FEVG et les analyses en sous-groupes sont concordantes ».   

Deux études éclairantes sur le mécanisme d’action des gliflozines 

Au-delà de ces résultats majeurs, cette étude, tout comme une analyse ancillaire de DAPA-HF également présentée lors du congrès virtuel de l'ESC, apporte un éclairage intéressant sur le mécanisme d’action des inhibiteurs de SGLT2.  

« Dans EMPEROR-Preserved, les bénéfices apparaissent très précocement, dès le 18e jour de traitement, souligne le Pr Michel Galinier. Ils découlent donc d’un effet hémodynamique. Les gliflozines (on attend les résultats avec la dapagliflozine, mais un effet de classe est très probable) sont des diurétiques peu puissants mais « intelligents ». Elles agissent au niveau du tubule proximal, mettant ainsi en jeu le réflexe tubulo-glomérulaire, réduisant la sécrétion de rénine. Elles entraînent une diurèse osmotique et ont un effet natriurétique ». 

« Mais cette classe de médicaments permet aussi de réduire les décès par mort subite, comme le confirme une étude ancillaire de DAPA-HF : baisse de 21 % des événements rythmiques dans l’IC à FEVG réduite avec la dapagliflozine (2).  L’effet apparaît cette fois plus tardivement, après plusieurs mois de traitement et il reflète probablement l’impact de l’empagliflozine sur le métabolisme myocardique », conclut le Pr Galinier.

D’après un entretien avec le Pr Michel Galinier (CHU de Toulouse).  
(1) Anker S et al. Empagliflozin in Heart Failure with a Preserved Ejection Fraction. N Engl J Med. 2021 Aug 27. doi: 10.1056/NEJMoa2107038.
(2) Présentation de James Curtain, Royaume-Uni.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : lequotidiendumedecin.fr