Cardiologie

Optim'IC : 11 propositions pour le parcours de soins des insuffisants cardiaques

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Publié le 02/07/2021
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Alors que de plus en plus de patients seront concernés par l’insuffisance cardiaque, des experts de tous horizons ont élaboré des propositions concrètes pour optimiserle parcours de soins. Ils appellent les pouvoirs publics à s’emparer de la question.
En France, 1,5 million de personnes concernées de plus de 60 ans

En France, 1,5 million de personnes concernées de plus de 60 ans
Crédit photo : Phanie

« Il y a urgence en la demeure », alerte le Pr Thibaud Damy, cardiologue au CHU Henri-
Mondor de Créteil. Dans le cadre d’une démarche nationale appelée Optim’IC*, 11 propositions d’actions concrètes de court et moyen termes ont été formulées pour optimiser le parcours de soins des patients insuffisants cardiaques et améliorer leur qualité de vie.

Avec 1,5 million de personnes concernées en France − principalement de plus de 60 ans − et dans un contexte de vieillissement de la population, la prise en charge de l’insuffisance cardiaque représente en effet un enjeu de santé publique majeur. Actuellement, cette pathologie est à l’origine de 70 000 décès et de 165 000 hospitalisations par an.

« L’idée de cette approche a été de travailler tous ensemble pour faire remonter les idées du terrain, main dans la main avec nos institutions, pour essayer de trouver des solutions », souligne le Pr Damy, président du programme.

Ces 11 propositions, articulées autour de quatre axes majeurs, sont ainsi le fruit de plusieurs mois d’échange entre tous les acteurs impliqués dans la prise en charge : professionnels et acteurs de santé, sociétés savantes et associations de patients. La synthèse des réflexions, menées au sein d’un comité national et de six comités régionaux, a fait l’objet d’une note de position rendue publique à l’occasion du colloque Optim’IC du 22 juin, qui s’est tenu sous le patronage du ministère de la Santé.

Systématiser le dépistage précoce

Ce travail « n’aura d’impact réel que si les pouvoirs publics et les acteurs politiques et institutionnels se saisissent de cette question », insiste le Dr Michel Fanget, député de la quatrième circonscription du Puy-de-Dôme, membre de la commission des Affaires étrangères et conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes.

Plusieurs constats ont guidé l’élaboration de la note de position : diagnostic souvent tardif, prise en charge hospitalo-centrée, accès difficile aux données des patients, articulation ville/hôpital non optimale. La nécessité d’un parcours de soins spécifique − comme pour le cancer − a aussi émergé pour améliorer la survie des patients et faciliter l’articulation entre les acteurs.

La systématisation du dépistage précoce de l’insuffisance cardiaque constitue le premier axe d’amélioration. Cela doit notamment passer par un meilleur repérage des personnes à risque et des comorbidités qui peuvent aggraver la maladie (comme la carence martiale). Un meilleur partage de l’information est aussi préconisé pour réduire le risque de décompensation, par le biais d’un livret individuel pour les patients ou du recours aux objets connectés (comme la balance). Une campagne nationale de sensibilisation auprès du grand public et des professionnels apparaît aussi essentielle.

Rendre visible la filière

Le deuxième axe vise à optimiser les parcours autour de filières territoriales, alors que les réflexions menées ont mis en évidence l’importance de prendre en compte les spécificités de chaque territoire, en mobilisant notamment les agences régionales de santé pour évaluer les ressources disponibles.

« Il faut que la filière ville/hôpital soit visible par tous les acteurs », note aussi le Pr Damy. Dans ce cadre, les experts d’Optim’IC appellent à désigner un interlocuteur privilégié et à mettre en place un modèle de coordination type autour, entre autres, du cardiologue de ville et du médecin généraliste. « Les patients insuffisants cardiaques (dépistés précocement ou ayant déjà fait une décompensation) seraient prioritairement pris en charge par les praticiens de ville, afin de réserver les ressources hospitalières avec hébergement pour les cas les plus complexes », est-il précisé dans la note de position. Les outils d’e-santé sont également précieux pour développer la télésurveillance et la télémédecine et favoriser la coordination entre les différents acteurs.

Autre axe majeur d’amélioration : un meilleur partage de l’information alors que « chaque professionnel n’a qu’une vision partielle de la situation du patient », lit-on. Les systèmes d’information doivent être mieux structurés au risque de perte de chance d’accès aux soins. Dans ce cadre, les experts Optim’IC encouragent le déploiement de plateformes de centralisation des données et le recours au dossier médical partagé (DMP).

Le dernier axe concerne le financement, qui doit couvrir l’ensemble du parcours et être adapté à un nombre de patients croissant. Les experts proposent de « viser une logique de financement vertueuse, structurée autour d’indicateurs propres à éviter l’aggravation ».

« À terme, le programme sera à même de produire des bénéfices partagés par tous : les patients, les professionnels de santé et, plus largement, la collectivité », lit-on dans la note de position.

*Optim'IC pour Optimisation du parcours de soins du patient insuffisant cardiaque

Charlène Catalifaud

Source : Le Quotidien du médecin