Une bonne hydratation aurait un effet protecteur contre l’insuffisance cardiaque, selon une étude des NIH

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Publié le 31/03/2022

Crédit photo : PHANIE

Dans l’investigation des facteurs de risque de l’insuffisance cardiaque, des chercheurs des Instituts nationaux de la santé américains (NIH) ont identifié une nouvelle piste. Selon leurs travaux publiés dans l'« European Heart Journal », les taux de sodium sérique, indicateur du niveau d’hydratation, pourraient aider à détecter les patients les plus à risque de développer une insuffisance cardiaque.

Des recherches précliniques avaient déjà suggéré des liens entre la déshydratation et la fibrose cardiaque, rappelle un communiqué des NIH. Pour explorer cette hypothèse, les auteurs ont recherché des associations similaires dans les données de plus de 15 000 patients inclus dans l'étude Aric (Atherosclerosis Risk in Communities) entre 1987 et 1989 et suivis sur une période de 25 ans (5 consultations réalisées sur la période).

Parmi ces patients âgés de 45 à 66 ans, ont été pris en compte ceux ayant des niveaux normaux d’hydratation, mesurés par le taux de sodium sérique (taux normal compris entre 135 et 146 mmol/L), et ne souffrant pas de diabète, d'obésité ou d'insuffisance cardiaque à l’inclusion.

Un risque accru dès 142 mmol/L

L’analyse a ainsi porté sur les données de 11 814 patients, dont 1 366 (11,56 %) ont développé une insuffisance cardiaque plus tard. Le risque d'insuffisance cardiaque « était augmenté de 39 % si le sodium sérique, à l'âge de 40-60 ans, dépassait 143 mmol/L, un taux correspondant à un déficit hydrique de 1 % du poids corporel (risque relatif 1,39) », est-il rapporté. Chaque augmentation de 1 mmol/L du sodium sérique, mais restant entre 135 à 146 mmol/L, correspondait une probabilité accrue de 5 % de développer une insuffisance cardiaque.

Une tendance similaire a été observée dans une analyse cas-témoins rétrospective réalisée sur des participants âgés de 70 à 90 ans (n = 4 961). Ceux ayant un taux de sodium sérique compris entre 142,5 à 143 mmol/L avaient un risque accru de 62 % pour l’hypertrophie ventriculaire gauche. Et un taux de sodium sérique au-delà de 143 mmol/L « était associé à une augmentation de 107 % du risque d’hypertrophie ventriculaire gauche et de 54 % de celui d'insuffisance cardiaque ».

« Les personnes avec des concentrations sériques de sodium dépassant 142 mmol/l présentaient une prévalence accrue d'insuffisance cardiaque et d'hypertrophie ventriculaire gauche, résume auprès du « Quotidien » la Dr Natalia Dmitrieva du laboratoire de médecine régénérative cardiovasculaire du National Heart, Lung, and Blood Institute (NHLBI), autrice principale de l'étude. Bien que ces niveaux se situent toujours dans la plage normale (135-146 mmol/l) et ne soient pas signalés comme anormaux sur les résultats des tests, ces niveaux peuvent être utilisés par les cliniciens comme un signe d'avertissement pour l'identification des personnes hypohydratées présentant un risque accru », poursuit-elle, estimant qu’un essai contrôlé randomisé est nécessaire pour confirmer ces résultats.

Si ces conclusions se vérifient, la mesure du taux de sodium sérique pourrait « aider les médecins à identifier les patients qui pourraient bénéficier de conseils sur le maintien d’une bonne hydratation », ajoute le Dr Manfred Boehm, directeur du NHLBI.

Alors que des enquêtes internationales révèlent qu'« une grande proportion de personnes n'atteint pas les limites inférieures des recommandations et sont chroniquement hypohydratées », la Dr Dmitrieva rappelle qu'il est préconisé de boire « de 2 à 3 litres par jour pour les hommes et de 1,6 à 2,1 litres pour les femmes », mais aussi que « la sensation de soif se détériore à mesure que nous vieillissons, contribuant à une consommation encore plus faible de liquides chez les personnes âgées ».


Source : lequotidiendumedecin.fr