MALADIE auto-immune rare, le lupus touche environ 40 000 personnes en France. L’une des complications possibles de cette affection est l’atteinte rénale, contraignant parfois les patients à la greffe du rein.
Les transplantés doivent prendre un immunosuppresseur sélectif, le Cellcept (mycophénolate Mofétil), dont la marge thérapeutique semble si étroite que l’assurance-maladie l’a sorti au mois de septembre du dispositif du tiers payant contre générique (TPCG). En clair, les patients ne sont plus tenus de faire l’avance de frais s’ils se font délivrer le princeps au lieu du générique.
Las, selon Marianne Rivière, présidente de l’association France Lupus, des pharmaciens ont refusé d’appliquer le tiers payant pour le Cellcept à une vingtaine de malades, en contradiction avec les instructions de l’assurance-maladie. Une situation d’autant plus pénible que le coût mensuel du traitement tourne autour de 400 euros.
Mais le Cellcept semble avoir un mode de prescription particulier. Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) précise qu’en 2012, la part de génériques du Cellcept délivrée à l’hôpital était supérieure à 50 %, alors qu’en ville, on délivrait plus de princeps. « Il y a des gens qui passent du générique au princeps, ce qui n’est pas mieux que de faire le chemin inverse, observe-t-il. Pourtant,il ne semble pas qu’il y ait de réel problème de biodisponibilité sur ces génériques ».
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) doit rendre sur ce point un avis dans les prochains mois. Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), est sur la même tonalité : « les médecins hospitaliers ont utilisé les génériques du Cellcept sans problème », croit-il savoir.
La CNAM prête à rappeler les règles.
Il n’en reste pas moins que pour les patients à qui le bénéfice du tiers payant est refusé, l’addition est salée. Gilles Bonnefond s’étonne du nombre de cas rapportés, mais reconnaît qu’un tout petit nombre de pharmaciens applique parfois l’accord TPCG « de manière trop stricte ». Il invite les associations de patients à prendre contact avec son syndicat. « Le cas échéant, nous rappellerons les règles du dispositif à nos adhérents », assure-t-il.
Le patron de l’assurance-maladie, Frédéric van Roekeghem, déclare que cette information sur les problèmes de TPCG ne lui est pas parvenue. « Nous avons donné des informations claires aux caisses en septembre, indique-t-il au « Quotidien ». Nous leur avons expliqué que bien que n’ayant pas toutes les informations sur la marge thérapeutique du Cellcept, nous avions décidé de le retirer du dispositif du tiers payant contre générique. Si nécessaire, nous procéderons à un rappel de notre arbitrage ».
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