Accès à l’insuline : 1,3 million d’Américains rationnent leur traitement pour raisons économiques

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Publié le 19/10/2022
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Crédit photo : PHANIE

Aux États-Unis, 16,5 % des adultes utilisateurs d'insuline ont déjà rationné leur traitement pour des raisons économiques. Au total, 1,3 million d'adultes atteints de diabète seraient concernés, selon des estimations tirées de l’enquête National Health Interview Survey (NHIS) menée en 2021 par les centres américains de prévention et de contrôle des maladies (CDC).

Dans une lettre publiée dans « Annals of Internal Medicine », des chercheurs de la Harvard Medical School et du Hunter College ont évalué la prévalence du rationnement d’insuline à partir d’un échantillon de 982 utilisateurs d'insuline, représentatif des patients américains. Dans le pays, 1,4 million d'adultes sont atteints de diabète de type 1, 5,8 millions sont diabétiques de type 2 et 0,4 million souffrent d’un type de diabète inconnu. L’insuline a été considérée comme rationnée quand les sondés déclaraient « sauter des doses d'insuline », « prendre moins d'insuline que nécessaire » ou « retarder l'achat d'insuline » pour économiser de l'argent.

Parmi l’ensemble des utilisateurs d'insuline, le report de l'achat était la forme de rationnement la plus courante (14,2 %). Parmi les diabétiques de type 1, réduire les dosages était la stratégie la plus courante (16,5 %), alors qu'elle était bien moins utilisée chez les diabétiques de type 2 (9,5 %).

Les non-assurés particulièrement concernés

Globalement, le rationnement de l'insuline était plus courant chez les jeunes adultes (20,4 %) que chez les personnes âgées de plus de 65 ans (11,2 %), de même que chez les personnes noires (23,2 %) par rapport aux personnes blanches et hispaniques (16 %). L’analyse selon les revenus révèle que 10,8 % des personnes à revenu élevé ont déclaré se rationner contre 19,8 % de celles à revenu intermédiaire et 14,6 % de celles à faible revenu.

Sans surprise, les patients non assurés avaient le taux de rationnement le plus élevé (29,2 %), suivis de ceux avec une assurance privée (18,8 %) ou d'autres couvertures (16,1 %), les moins impactés étant les bénéficiaires de Medicare (13,5 %) et de Medicaid (11,6 %). Aussi, le rationnement de l’insuline était associé au sentiment d'être dépassé par les exigences de vie avec le diabète, dans des conditions non ajustées (ratio de prévalence à 1,55) et ajustées (ratio de prévalence à 1,48).

Selon les auteurs, plusieurs facteurs pourraient expliquer ces résultats, et en particulier le coût élevé et croissant de l'insuline aux États-Unis. Des études sont nécessaires, insistent-ils, pour détailler les conséquences d’un rationnement de l'insuline, et notamment les hospitalisations pour acidocétose.

L’instauration d’un plafond de prix pour les assurés Medicare (les plus de 65 ans) dans le cadre d’une loi sur la réduction de l’inflation (2022) pourrait avoir des bénéfices sur l’accès des seniors à l’insuline, estiment les auteurs. Mais une telle mesure n’a pas été retenue pour les patients dépendants d’une couverture privée, déplorent-ils. Et surtout, aucune réforme n’est envisagée pour garantir un accès aux non-assurés.


Source : lequotidiendumedecin.fr