L’infertilité masculine est une affection multifactorielle responsable, seule ou en association avec des facteurs féminins, d’environ 50 % des cas d’infertilité de couple.
Des facteurs génétiques sont impliqués dans 5 à 25 % des cas : le risque d’anomalies génétiques est inversement corrélé au nombre de spermatozoïdes. Des milliers de gènes sont impliqués, dans la spermatogenèse, le développement testiculaire et la régulation endocrinienne de la fonction testiculaire, et nombreux sont continuellement découverts par les nouvelles technologies de séquençage de l’ADN.
Insensibilité aux androgènes
Les mutations du gène du récepteur aux androgènes (RA) pourraient être associées à l’infertilité masculine, principalement en provoquant divers degrés d’insensibilité aux androgènes. Une étude a évalué la fréquence et le type de variants RA dans une grande cohorte d’hommes infertiles (1).
Un total de 8 224 hommes de couples infertiles idiopathiques italiens, référés au CHU de Padoue pour dépistage mutationnel du RA, ont subi des analyses informatiques et fonctionnelles. Résultats, 131 patients (1,6 %) étaient porteurs de 45 variants du gène RA, dont 18 étaient de nouveaux variants faux-sens.
Les patients avec des variantes du gène RA avaient un nombre de spermatozoïdes diminué (p = 0,048), un taux de testostérone (T) plus élevé (p < 0,0001) et un indice de sensibilité aux androgènes (ASI) plus élevé (LH × T, p < 0,001), par rapport aux patients sans variants. La valeur T ≥ 15,38 nmol/L et ASI ≥ 180 UI × nmol/L2 comme valeurs seuils pour discriminer les patients avec des variants du RA.
À l’aide d’approches informatiques et fonctionnelles, deux nouveaux variants ont été identifiés, L595P et L791I, comme potentiellement pathogènes. Au total, la prévalence des variants atteint 3,4 % des sujets oligozoospermiques avec une T ≥ 15,38 nmol/L. À l’inverse, plus de 80 % des hommes porteurs de variants du gène RA ont un faible nombre de spermatozoïdes et des taux de T élevés.
Un dépistage plus systématique
Il s’agit de la plus grande étude de dépistage des variants du gène RA chez les hommes de couples infertiles idiopathiques. Les endocrinologues doivent savoir que les hommes ayant une oligozoospermie avec T ≥ 15,38 nmol/L ont un risque neuf fois (de 5 à 17 fois) plus élevé d’héberger des mutations, par rapport aux patients avec un nombre normal de spermatozoïdes et T < 15,38 nmol/L. Les auteurs suggèrent un séquençage du RA comme test génétique de routine dans les cas d’oligozoospermie idiopathique avec T ≥ 15,38 nmol/L.
Professeur Émérite, Université Greoble-Alpes
(1) Maria Santa Rocca et al. Mutational Screening of androgen receptor gene in 8 224 men of infertile couples. The Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism. May 2023 (108)5: 1181-91
https://doi.org/10.1210/clinem/dgac671
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