Cinq systèmes dans les starting-blocks

La course vers la commercialisation de la boucle fermée

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Publié le 17/03/2020
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Après des années de recherche et d’évaluations, le pancréas artificiel devrait devenir une réalité dans la vraie vie cette année. Plusieurs systèmes de boucle fermée sont en lice. La Société francophone du diabète va en préciser les indications et établir les règles de bon usage.
Il faut encore procéder à des évaluations notamment chez l’enfant et l’adolescent

Il faut encore procéder à des évaluations notamment chez l’enfant et l’adolescent
Crédit photo : Phanie

Le pancréas artificiel devrait bientôt être une réalité pour de nombreux patients diabétiques de type 1, qui verront ainsi le fardeau de leur diabète allégé. « Le diabète de type 1 n’accorde jamais de répit, et implique une gestion de l’incertitude 24 h/24, du 1er janvier au 31 décembre », souligne le Pr Pierre-Yves Benhamou (CHU Grenoble).

Quatre systèmes de boucle fermée ont désormais reçu l’aval des autorités, en Europe (marquage CE) et/ou aux États-Unis (Food and drug administration). Le système DBLG1 de Diabeloop (avec la version G6 du capteur Dexcom et la pompe Kaleido), le dispositif de boucle fermée Minimed 670 G de Medtronic, qui est déjà commercialisé depuis trois ans aux États-Unis, le Tandem control IQ développé par l’université de Virginie et celui de l’équipe du Pr Hovorka à l’université de Cambridge. Ils sont talonnés par le système Omnipod Horizon d’Insulet, en cours d’étude pivot. « Pour l’instant, aucun n’est remboursé en France », indique le Pr Benhamou. La première à avoir déposé un dossier de demande de remboursement, au printemps 2019, est la société française Diabeloop. Medtronic devrait de son côté déposer un dossier courant 2020.

Ergonomie et interopérabilité

« On espère avoir une mise à disposition, en version commerciale, d’au moins un dispositif cette année », poursuit le Pr Benhamou, avant de rappeler que globalement les boucles fermées permettent d’augmenter d’au moins 10 % le temps passé dans la bonne cible glycémique. « Les systèmes diffèrent toutefois au niveau des algorithmes et des résultats bruts. La concurrence va probablement se faire sur ces résultats mais aussi l’ergonomie, surtout l’interopérabilité ». Les boucles fermées de Medtronic et d’Insulet ont un algorithme, une pompe et un capteur dédiés, alors que les trois autres mettent en avant leur interopérabilité, sur la base du concept « une taille ne va pas à tout le monde ». Un des écueils de cette ouverture reste l’intégration des différents composants et les problèmes de connectivité qui peuvent en découler, mais ils sont en cours d’amélioration.

Par ailleurs, les dispositifs de boucle fermée ont été validés sur des populations standards, avec des diabètes relativement simples. Il faut désormais compléter par des évaluations dans des populations extrêmes, notamment chez l’enfant et l’adolescent, chez les sujets ayant un diabète instable (lire p. XX) et pourquoi pas, à terme, chez les diabétiques de type 2.

La Société francophone du diabète va établir prochainement un consensus pour guider les médecins dans leur prescription. Ce texte va notamment préciser les indications des systèmes de boucle fermée, les conditions d’initiation, les modalités de surveillance et de formation des patients et des professionnels de santé. Une étude devrait également débuter dans les prochains mois pour analyser les facteurs humains d’acceptation des dispositifs et mesurer leur bénéfice réel. « Les effets métaboliques sont démontrés, la glycémie est plus stable. On espère aussi pouvoir réduire le risque de complications du diabète. Et le bénéfice qualitatif est majeur, même s’il est plus difficile à mesurer », souligne le Pr Pierre-Yves Benhamou.

exergue : « Au-delà des effets métaboliques, on espère pouvoir réduire le risque de complications du diabète et apporter un bénéfice qualitatif »

Entretien avec le Pr Pierre-Yves Benhamou, CHU de Grenoble

Dr Isabelle Hoppenot

Source : lequotidiendumedecin.fr