La dapagliflozine peut être primoprescrite par les médecins généralistes

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Publié le 25/10/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Les médecins généralistes pourront primoprescrire et renouveler la dapagliflozine (Forxiga), a annoncé par communiqué le laboratoire AstraZeneca, faisant suite à un courrier que lui a adressé l'Agence du médicament (ANSM). Jusque-là, l'initiation du traitement était restreinte à certaines spécialités (diabétologie, endocrinologie, nutrition, médecine interne, néphrologie, cardiologie).

La levée des restrictions de prescription concerne l'ensemble des indications de la molécule. La dapagliflozine a obtenu l'autorisation de mise sur le marché dans quatre indications en Europe : diabète de type 1 (DT1), diabète de type 2 (DT2), insuffisance cardiaque chronique symptomatique à fraction d’éjection réduite et maladie rénale chronique. Mais seules les trois dernières sont reconnues en France.

Réduire les inégalités d'accès

L'indication phare reste le DT2 « insuffisamment contrôlé en complément d’un régime alimentaire et de l’exercice physique, en monothérapie quand la metformine est considérée comme inappropriée en raison d’une intolérance ou en plus d’autres médicaments destinés au traitement du diabète de type 2 », selon l'avis de la Haute Autorité de santé (HAS).

« L'élargissement de la prescription initiale annuelle de cette molécule à tous les spécialistes, dont les médecins généralistes, pourrait ainsi permettre, via un accès plus aisé à ces molécules, de mieux prendre en charge le patient DT2 en raccourcissant le délai d’initiation du traitement, de retarder le passage à l'insuline », souligne le laboratoire, rappelant les « importantes inégalités démographiques d’implantation des médecins spécialistes en France ».

En France, à la suite de l'avis de la HAS, la dapagliflozine est prise en charge à 65 % dans le diabète de type 2, pas encore dans l'insuffisance cardiaque (avis favorable de la HAS) et non acceptée dans le diabète de type 1 (service médical rendu insuffisant). Concernant la maladie rénale chronique, la Commission de la transparence de la HAS n'a pas encore rendu son évaluation. Dans l'attente de la validation européenne, l'ANSM avait ouvert une autorisation temporaire d'utilisation de cohorte (ATU) qui en précisait les indications, et notamment le fait que la dapagliflozine doit être ajoutée aux traitements en cours (inhibiteur de l'enzyme de conversion [IEC] ou sartan).

Dans l'insuffisance cardiaque, la HAS précise que la prescription de la dapagliflozine doit se faire après optimisation du traitement, notamment avec Entresto (sacubitril/valsartan) en éventuel remplacement d’un IEC ou d'un sartan (ARA2).

Des pathologies qui touchent souvent le même patient

Le recours aux spécialistes et autres professionnels de santé s'impose néanmoins dans plusieurs situations, rappelle le laboratoire : le néphrologue lors du diagnostic, en cas de doute sur l’origine diabétique de la maladie rénale chronique ou en cas d’évolution inhabituelle ; le cardiologue si risque cardiovasculaire élevé ; l'endocrino-diabétologue face à des difficultés à fixer et à atteindre l'objectif glycémique ; le diététicien.

Le laboratoire fait valoir que les trois indications touchent souvent le même patient. « Au sein des patients DT2, 25-40 % sont insuffisants cardiaques et 25 % ont une maladie rénale chronique. Parmi les patients insuffisants cardiaques, on retrouve 30 à 40 % de patients DT2 et près de la moitié ont une dégradation de leur fonction rénale. Enfin, dans la population des malades rénaux chroniques, on dénombre 30-40 % de patients DT2 et 30 % de patients insuffisants cardiaques », est-il détaillé dans le communiqué. Cette levée des restrictions permettrait l'instauration précoce de Forxiga et ainsi « d’améliorer leur pronostic, de limiter les hospitalisations pour insuffisance cardiaque et de retarder les mises sous dialyse », souligne AstraZeneca.


Source : lequotidiendumedecin.fr