Le Covid n’induirait pas de DT1 viraux

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Publié le 06/09/2021

Le Covid-19 a été suspecté de provoquer la survenue de diabètes de type 1 viraux, en l’absence d’autoanticorps. Mais l’allégation semble faire long feu.

Crédit photo : phanie

Le virus du Sars-CoV-2, responsable de la pandémie Covid-19, peut-il avoir entraîné des diabètes par cytotoxicité directe sur les cellules β, sans auto-immunité ? L’ACE2 agit comme le principal récepteur de ce virus et on sait depuis dix ans que cette protéine est présente dans les îlots pancréatiques. Des observations plaident pour un rôle du Covid, avec des DT1 à anticorps négatifs de type 1B. Cependant, des études histopathologiques récentes ont apporté des preuves contradictoires. Il est impératif de clarifier si les îlots pancréatiques humains sont sensibles et affectés par le Sras-CoV-2.

Un registre Allemand pendant la première vague

À partir du registre allemand prospectif du diabète (DPV), les données de 715 enfants, adolescents et jeunes adultes nouvellement diagnostiqués avec un DT1 durant la pandémie de Covid-19 en Allemagne (du 1er mars au le 30 juin 2020) ont été comparées avec celles de 5 428 enfants, adolescents et jeunes adultes diagnostiqués entre 2011 et 2019 (1). Un test de non-infériorité (marge 1 %) a été appliqué pour évaluer si le taux de négativité des autoanticorps (AAC) en 2020 n’était pas supérieur à celui observé de 2011 à 2019.

Résultats, les fréquences estimées de négativité des autoanticorps en 2020 et [2011-2019] étaient respectivement de 6,6 % (IC95 [5,1 à 8,4]) et 7,2 % (IC95 [6,5 à 8,0]). De plus, l’augmentation de la fréquence estimée de l’acidocétose diabétique pendant la pandémie de Covid-19 était similaire entre les AAC négatifs et AAC positifs.

Au total, cette étude n’a trouvé aucune preuve que la pandémie de Covid-19 entraîne une augmentation significative du nombre de nouveaux cas de diabète de type 1 à AAC négatifs chez les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Et le DT1 à AAC négatifs n’a montré aucune tendance particulière à plus d’acidocétoses, ni avant ni pendant la pandémie.

Ces données sont importantes pour répondre à l’allégation fréquente d’une cause virale, en quelque sorte évitable, qui peut énormément perturber familles et patients malheureusement atteints par un DT1 et compliquer durablement leur prise en charge.

 

Professeur Émérite, Université Grenoble-Alpes

(1) Clemens Kamrath et al. Frequency of Autoantibody-Negative Type 1 Diabetes in Children, Adolescents, and Young Adults During the First Wave of the Covid-19 Pandemic in Germany. Diabetes Care 2021;44:1462-1471. doi.org/10.2337/dc20-2257

 

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr