Le DT2 des sujets jeunes réduit considérablement l’espérance de vie

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Publié le 27/11/2023
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La progression d’incidence des diabètes de type 2 (DT2) chez des sujets jeunes est un sujet d’inquiétude, en partie au moins lié à la progression de l’obésité dans le monde. On savait que le risque rénal est y très prégnant, avec un péril majeur de voir de très nombreux insuffisants rénaux au stade terminal après une plus courte durée d’évolution. Une nouvelle étude confirme que ce péril est réel et y ajoute bien d’autres risques, nouvellement identifiés (1).

Le fait que le diabète fasse perdre des années de vie est un sujet de préoccupation des politiques de prévention comme de prise en charge. En populations à revenus élevés, les personnes atteintes de diabète ont une perte d’espérance de vie comprise entre 2,5 et 12,9 ans selon les études (1).

Ce nouveau travail (2) s’appuie sur les données de près de sur 23 millions de personnes-années issues de cohortes dans des pays à revenu élevé (1 515 718 participants à 97 cohortes prospectives, dont 1 017 695 issus de 96 cohortes ERFC et 498 023 de la BiobanK UK). Il montre que la perte d’années de vie est considérablement plus grande chez les personnes qui sont diagnostiquées DT2 à un plus jeune âge, que plus tard dans la vie.

Pour les États-Unis, le groupe a estimé à la perte moyenne de six années de vie chez les hommes diagnostiqués diabétiques à l’âge de 50 ans, et de 14 ans s’ils sont diagnostiqués à l’âge de 30 ans. Chez les femmes, les pertes d’années de vie étaient de 7 et 16 années pour ces âges au diagnostic respectivement.

Ces résultats sont préoccupants puisque cette apparition précoce du diabète de type 2 (DT2), avant 40 ans, devient de plus en plus commune. Dans l’atlas du diabète 2013, la Fédération internationale du diabète (IDF) estime que 16 % des cas de DT2 ont été diagnostiqués chez des personnes avant l’âge de 40 ans. Des études provenant de sources multiples suggèrent que ce pourcentage pourrait augmenter rapidement.

Des décès non CV et non néoplasiques

Étonnamment, les causes les plus importantes de différentiel de mortalité dans le DT2 à début précoce identifiées par cette étude sur les facteurs de risque émergents n’étaient ni cardiovasculaires, ni néoplasiques. En réalité, la réduction de l’espérance de vie était principalement due à des décès liés à d’autres causes, y compris des troubles du système respiratoire, digestif et nerveux, de troubles de santé mentale, des causes infectieuses et les maladies rénales.

Bien qu’il existe un consensus pour la prévention des maladies cardiovasculaires (CV) dans le diabète, quelle serait la meilleure façon de prévenir un plus large éventail de complications du DT2 à début précoce ? Cela reste à définir. Cliniquement, un effort renforcé sur le contrôle glycémique pourrait être nécessaire pour minimiser ces décès dus aux complications CV ou non.

Une autre question centrale est de savoir dans quelle mesure ces résultats reflètent la situation de la population mondiale — puisque ceux qui vivent dans des régions à faibles revenus ou revenus intermédiaire sont responsables de 94 % de l’augmentation de la prévalence du diabète dans le monde d’ici 2045.

Professeur Émérite, Univsersité Grenoble-Alpes

(1) Duncan BB, Schmidt MI. Many years of life lost to young-onset type 2 diabetes. Lancet Diabetes Endocrinol. 2023 Oct;11(10):709-10

(2) Emerging Risk Factors Collaboration. Life expectancy associated with different ages at diagnosis of type 2 diabetes in high-income countries: 23 million person-years of observation. Lancet Diabetes Endocrinol. 2023 Oct;11(10):731-42

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr