Nombreuses activités à la Fenarediam

Les JEDN, un nouveau congrès pour les libéraux

Publié le 24/03/2023
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Numérique en santé, protocoles pluriprofessionnels, organisation : les libéraux se sont réunis échanger autour des enjeux professionnels lors des premières Journées de l’endocrinologie-diabétologie-nutrition libérale (JEDN), à l’initiative de la Fenarediam. Explications de sa présidente, la Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol.
La volonté de travailler en équipe est évidente mais se heurte aux problèmes de rémunération

La volonté de travailler en équipe est évidente mais se heurte aux problèmes de rémunération
Crédit photo : GARO/PHANIE

La Fédération nationale des associations régionales d’endocrinologie et métabolismes (Fenarediam) regroupe 15 associations d’endocrino-diabétologues ayant une activité libérale en France, soit environ 700 membres actifs.

En 2021, après une enquête qui avait rassemblé plus de 300 collègues sur leurs modalités d’exercice, nous avions organisé le programme d’innovation organisationnelle Starendoc, avec le soutien institutionnel de NovoNordisk, autour de six thématiques : télésurveillance, organisation du cabinet, communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), protocoles pluriprofessionnels dans le diabète de type 2, pour les patients à risque cardiovasculaire, en situation d’obésité, et dont l’objectif glycémique n’était pas atteint.

Ce travail avait été diffusé par le biais de webinaires et les documents mis à disposition sur le site internet de la fédération*. Les résultats ont été publiés en début d’année 2023 dans la revue « Médecine des Maladies métaboliques » (1).

Un programme d’innovation organisationnelle

Pour donner suite à ces avancées, nous avons organisé les premières Journées de l’endocrinologie-diabétologie-nutrition (EDN) libérale, les JEDN, qui ont réuni, les 13 et 14 janvier 2023 à Paris, une centaine de collègues autour des thèmes propres à notre activité libérale, avec le soutien des laboratoires Abbott et NovoNordisk.

Le congrès a commencé par une passionnante conférence autour de l’avenir de la place du numérique, donnée par le Pr Antoine Tesnière, directeur de l’agence numérique en santé. L’EDN fait partie des spécialités pionnières, notamment du fait de l’utilisation des plateformes de télésurveillance des patients porteurs d’un diabète. Les enjeux sont majeurs, en matière d’amélioration de la communication avec les patients, de coordination entre professionnels de santé, d’optimisation du parcours de soins.

Nous avons abordé la problématique de la collaboration avec les paramédicaux au cabinet, grâce à l’expérience de ceux qui l’ont instauré dans leur pratique quotidienne. L’arrivée du métier d’infirmier ou infirmière de pratique avancée (IPA) en libéral pourra sans doute représenter aussi une intéressante opportunité de collaboration pour notre spécialité. La volonté de travailler en équipe est évidente, certains ont créé des collaborations de qualité mais se heurtent aux problèmes de rémunération de ces paramédicaux, les revenus des endocrinologues étant souvent insuffisants pour les salarier. L’élargissement des conditions d’accès aux aides pour les assistants médicaux, la rémunération au forfait, la revalorisation de nos consultations ou encore la création d’actes spécifiques, pourraient sans doute permettre à davantage de confrères de recourir à de tels assistants.

De nouvelles avancées sont à espérer, à la fois via les négociations conventionnelles (toujours en cours au moment de la rédaction de cet article), mais aussi parce que le Haut conseil à la nomenclature a débuté un travail de réflexion autour de la réforme des actes de la Classification commune des actes médicaux (CCAM).

Des projets de santé publique

Notre congrès a été aussi l’occasion de revenir sur les CPTS, qui regroupent localement les professionnels qui souhaitent s’organiser de leur propre initiative autour d’un projet de santé pour répondre à des problématiques communes. Les endocrinologues sont de plus en plus nombreux à s’y engager, pour créer des projets de collaboration autour de pathologies à fort enjeu de santé publique comme le diabète de type 2, que ce soit au stade de la prévention, pour les patients souffrant de nombreuses complications ou encore en situation d’obésité. Non seulement, cela peut permettre d’améliorer le parcours de soins des patients, mais aussi favoriser localement la communication entre les professionnels, les échanges et ainsi la qualité de vie au travail.

Pompes, capteurs : de nouveaux modèles de centres initiateurs

Enfin, nous avons abordé la prise en charge des patients traités par pompe à insuline (lire aussi p. 30, 32). Grâce aux nouvelles technologies — télésurveillance, plateforme de suivi des patients, réunions professionnelles virtuelles — de nouveaux modèles de centres initiateurs envisagent de voir le jour. Le décret de 2006 requiert une hospitalisation. Or, les pratiques tendent à évoluer : de nombreux centres ont mis en place des programmes ambulatoires pour l’instauration des pompes et de l’autosurveillance en continu ; la quasi-totalité des endocrinologues ont été formés sur les 20 dernières années et suivent des patients sous pompe à insuline, et de nombreux diabétologues libéraux ont validé le DIU d’insulinothérapie automatisée.

L’élargissement de l’accès aux soins représente aussi une demande des associations de patients. La position d’experts sur l’insulinothérapie automatisée, publiée en 2020 par la Société francophone du diabète (SFD), propose la création de centres hospitaliers ou ambulatoires. On peut espérer qu’une modification de la loi permettra une ouverture de l’initiation des pompes à insuline et capteurs de glycémies à des centres libéraux, dans le respect de ce cahier des charges et des règles de sécurité, à l’instar de ce qui se fait partout dans le monde.

Nous donnons rendez-vous à tous nos collègues en janvier 2024 pour le congrès de Rennes afin de continuer à avancer et échanger, avec pour objectif d’améliorer nos pratiques pour mieux prendre en charge les patients.

Exergue : « Les enjeux sont majeurs, en matière d’amélioration de la communication avec les patients, de coordination entre professionnels de santé, d’optimisation du parcours de soins »

Présidente de la Fenarediam, Paris

* fenarediam.fr

(1) Lecornet-Sokol E, Thevenot A, Simonet C, Bouillot P. Starendoc : un programme d’innovation organisationnelle destiné aux endocrino-diabétologues libéraux. Méd Mal Métab 2023(17)1:70-5

Dr Emmanuelle Lecornet-Sokol
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Source : Bilan Spécialiste