Sulfamides : ils gardent des intérêts

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Publié le 17/05/2023
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Les sulfamides hypoglycémiants sont sans danger cardiovasculaire et peu coûteux… Ils restent donc utiles, en seconde ligne de traitement.

iDPP4, arGLP1, iSGLT2 : pour des raisons de disponibilité et de coût des nouveaux traitements du diabète de type 2 (DT2), une équipe écossaise a choisi d’évaluer, au plan national, l’innocuité cardiovasculaire (CV) en vraie vie des sulfonylurées (SU), en comparaison avec les iDPP4 et des thiazolidinediones (TZD) (1). Cette étude de cohorte a inclus les personnes avec DT2 diagnostiquées en Écosse avant le 31 décembre 2017, n’ayant pas atteint l’HbA1c de 6,5 % (48 mmol/mol) sous monothérapie metformine et ayant eu recours à une pharmacothérapie de deuxième ligne (par SU, iDPP4 ou TZD).

Le Mace (hospitalisation pour infarctus du myocarde, AVC, insuffisance cardiaque et décès cardiovasculaire) était le critère de jugement principal et les décès toutes causes retenus comme critère secondaire.

La comparaison portait sur le traitement par SU versus non-SU (iDPP4 ou TZD). Le Mace était de HR = 1,00 (IC95 [0,91 – 1,09]), soit 1,02 [0,91 – 1,13] et 1,03 [0,91 – 1,16] selon deux approches multivariées différentes. Des chiffres similaires ont été retrouvés en ce qui concerne les décès toutes causes.

Des molécules à conserver

Compte tenu de leur puissante efficacité glycémique, de leurs bénéfices microvasculaires et de leur sécurité CV, les SU devraient continuer à faire partie du portefeuille mondial de traitement du diabète.

Cette étude de vraie vie confirme l’essai randomisé Carolina, qui avait démontré la non-infériorité (sur le critère Mace) de la linagliptine (un iDPP4), vs. glimépiride (une SU). Cela est essentiel, puisqu’il existe dans le monde de grandes disparités, en termes de coût et d’accès aux médicaments du DT2. Et 80 % des personnes atteintes de diabète résident dans les pays en développement, alors qu’ils ne représentent que 1 % des dépenses mondiales pour les diabètes. Les SU, surtout génériques, sont peu coûteux, puissants et utilisés depuis plus de 60 ans.

Une polémique de longue date sur leur sécurité est née d’essais cliniques très limités, ou mal conçus pour évaluer le risque CV ou la mortalité. Ces dernières études viennent enfin contredire cette mauvaise image des SU, qui avaient subi une forte campagne de dénigrement, depuis une décennie surtout.

 

Professeur Émérite, Université Greoble-Alpes

(1) Wang H, Cordiner RLM, Huang Y et al, for the Scottish diabetes research network epidemiology group. Cardiovascular safety in type 2 diabetes with sulfonylureas as second-line drugs: a nation-wide population based comparative safety study. Diabetes Care. 2023 Mar 21;46(5):967-77

doi: 10.2337/dc22-1238

 

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr