Hypoglycémies sévères

Un risque de chute avéré chez les seniors

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Publié le 07/09/2020

Une vaste cohorte (1) le confirme : le risque de chute est considérablement élevé chez les diabétiques de plus de 65 ans en cas d’hypoglycémies sévères. Une raison supplémentaire pour individualiser les objectifs glycémiques et moyens thérapeutiques.

Crédit photo : DR

Les hypoglycémies, en particulier les formes sévères, ont de multiples conséquences néfastes chez les sujets diabétiques de type 2 (DT2) : sur le plan cognitif, en termes de morbimortalité, d’autonomie et d’espérance de vie. Parmi ses potentielles conséquences, les chutes et les fractures peuvent représenter un lourd fardeau de santé, de morbidité et mortalité chez les adultes diabétiques les plus âgés. Aux États-Unis, environ un tiers de l’ensemble des adultes de plus de 65 ans chute chaque année, ce qui constitue la principale cause de blessures (30 % des chutes entraînent des blessures), d’institutionnalisation et de décès consécutifs à un accident chez les personnes âgées.

Deux à trois fois plus de chutes

Une analyse prospective des participants de la cohorte ARIC qui avaient un diagnostic de diabète en 1996-1998 a été effectuée à ce sujet (1). Les épisodes d’hypoglycémie sévère nécessitant un traitement médical ont été identifiés (code CIM-9), ainsi que les hospitalisations, les visites aux urgences et le recours aux ambulances, les chutes totales, celles hospitalisées avec fracture. Résultats, parmi 1 162 participants DT2, 149 ont déjà eu un événement hypoglycémique sévère, sur une médiane de suivi de 13,1 ans. L’incidence brute de chutes chez les personnes sans hypoglycémie sévère était de 2,17 (IC95 [1,93–2,44]) pour 100 personnes/années, contre 8,81 (IC95 [6,73–11,53]) en cas d’hypoglycémie sévère. Après ajustement, une hypoglycémie sévère a été associée à un risque de chutes deux à trois fois plus élevé.

Cela était vrai dans tous les sous-groupes définis (âge, sexe, ethnie, IMC, la durée du diabète ou de handicap fonctionnel). L’ancienneté du diabète comme le score ADSL (d’autonomie) sont des facteurs de risque mais en revanche ce n’était pas le cas de la présence d’une rétinopathie ou d’une neuropathie, ni le type de traitement glycémique (sans ou avec sulfamides, insuline).

Une individualisation des objectifs et moyens

Le risque de chute et de fractures est considérablement accru en cas d’hypoglycémie sévère chez les patients DT2. Il doit être pris en compte lors des choix thérapeutiques chez les personnes diabétiques âgées. Cela vient confirmer le principe d’individualisation des objectifs et moyens de recommandations actuelles. Évaluer les antécédents d’hypoglycémie et le risque futur d’hypoglycémie et ses déterminants est donc crucial comme le score ADSL.

Malgré l’absence d’effet démontré des traitements antidiabétiques, les auteurs recommandent de les prendre en compte dans nos décisions thérapeutiques ainsi que les psychotropes et les polymédications.

 

Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes

(1) Alexandra K. Lee. Severe hypoglycemia and risk of falls in type 2 diabetes: the atherosclerosis risk in communities (ARIC) study. Diabetes Care 2020;43:2060- 2065doi.org/10.2337/dc20-0316 

 

Pr Serge Halimi

Source : lequotidiendumedecin.fr