Avec quatre critères cliniques simples

Un score prédictif du diabète de type 2

Publié le 02/03/2009
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Crédit photo : S Toubon

LE REPROCHE fait aux études d’origine étrangère est routinier. Ces résultats peuvent-ils être transposés aux Français ? Nous avons un mode de vie, un environnement différents. Le constat prend toute son sens dès lors que l’on évoque un score prédictif de diabète de type 2. C’est ainsi qu’est né D.E.S.I.R. (Données Épidémiologiques sur le Syndrome d’Insulino-Résistance) une étude de cohorte menée, en France, sur près de 4 000 hommes et femmes de 30 à 65 ans. Son objectif était simple : « recherche d’un score spécifique à la population française afin de fournir au médecin généraliste un outil simple de repérage des sujets à risque de diabète. » Contrat plus que rempli par Sylviane Vol et coll., puisque ces chercheurs ont conclu, très simplement, que « l’adiposité est la variable clinique la plus prédictive du diabète à neuf ans. S’y ajoute hypertension et tabagisme chez l’homme, hypertension et antécédents familiaux de diabète chez la femme. » Il suffit donc de disposer d’un mètre ruban pour le tour de taille (à défaut, un pèse-personne), d’un tensiomètre et de poser deux questions.

Glycémie ≥ 7mmol/l ou la prise d’antidiabétiques.

Comment l’équipe est-elle parvenue à ce résultat ? D.E.S.I.R. a été constituée à partir de volontaires, pour un suivi de 9 ans. Ils ont été enrôlés entre 1994 et 1996 dans 10 centres d’examens de santé du Centre Ouest et suivis tous les trois ans. Ils s’agissait de 1 863 hommes et de 1 954 femmes. Diverses données cliniques et de mode de vie étaient enregistrées ainsi que des constantes biologiques. Un diabète était défini par une glycémie ≥ 7mmol/l ou la prise d’antidiabétiques.

C’est ainsi que deux scores ont été établis, l’un clinique, l’autre biologique. Tout l’avantage du travail français reposant sur ce score clinique d’accès immédiat au cabinet, avec une grande simplicité. Le tableau ci-contre en fournit le mode de calcul.

Un score › 3.

Le score clinique inclut donc pour les deux sexes le tour de taille et l’hypertension artérielle, il ajoute, pour les hommes, le tabagisme, pour les femmes, les antécédents familiaux. En l’absence de glycémie à jeun disponible, un score clinique › 3 fournit une valeur prédictive positive (VPP) de 8 % chez les hommes et de 4 % chez les femmes. Quand il s’agit d’une prédiction à neuf ans, un score › 3 offre respectivement des VPP à 21 et 15 %. À cette même échéance, en adjoignant la biologie (score bioclinique) un score › 7 donne une VPP de 29 % chez les hommes, un score › 4 une VPP de 24 % chez les femmes.

Pour tester la validité de leur abaque, les auteurs l’ont appliquée aux deux cohortes françaises E3N et SU.VI.MAX. Le score clinique s’est montré aussi discriminant. Il a été confronté, sur la cohorte D.E.S.I.R., au score de référence finlandais, Findrisc. Il s’est alors révélé plus efficace. Enfin, ses performances sont inchangées en augmentant le nombre de critères.

Quelques points demeurent à préciser. Le rôle du tabac dévolu aux hommes, est à attribuer au pourcentage bien plus élevé de fumeurs que de fumeuses (31 % vs 13 %). Le risque demeure même après le sevrage tabagique. A l’inverse, pourquoi une place pour les antécédents chez les femmes uniquement ? Simplement parce que les hommes connaîtraient moins bien leur histoire familiale.

L’âge n’est pas apparu, parce que le vieillissement est naturellement lié aux variables cliniques retenues. Quant à l’activité physique, absente aussi, elle est corrélée au tour de taille, à l’HTA et peu fiable car déclarative.

Le score bioclinique ajoute à deux variables cliniques, deux biologiques. La glycémie, par essence facteur le plus prédictif de diabète ultérieur, à laquelle s’ajoutent les gamma-GT, chez les hommes, et les triglycérides, pour les femmes.

Les chercheurs admettent quelques limites à leur travail : définition du diabète seulement sur une glycémie ≥ 7mmol/l ou un traitement ; étude sur une seule région, donc non strictement représentative et des participants uniquement de 30 à 64 ans.

Bulletin Épidémiologique hebdomadaire, 9, 3 mars 2009, pp. 81-84.

 Dr GUY BENZADON

Source : lequotidiendumedecin.fr