Mais qu'est-ce qui a bien pu causer le millier de cas d'hépatites infantiles observées cette année ? Selon le dernier rapport conjoint du Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC) et de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 572 cas confirmés ont été rapportés dans 22 pays européens au 24 novembre, tandis qu'aux États-Unis, les CDC font état de 380 cas en cours d'investigation.
Si les organismes de surveillance mettent régulièrement à jour le nombre de cas suspects ou confirmés, la communication s'est faite de plus en plus discrète passé le fort écho médiatique des premières dizaines de cas en mars-avril. Il faut dire que le mystère est resté entier. La piste privilégiée pour l'heure par l'OMS reste celle d'un effet hépatotoxique causé par un adénovirus, mais sans qu'aucun élément n'en apporte une preuve décisive.
Les adénovirus ont parfois un double tropisme, respiratoire et gastroentérique. « Leur présence dans le foie reste incertaine in vivo », avait expliqué au « Quotidien » le Dr Nicolas Gille du service d'hépato-gastroentérologie de l'hôpital Bichat à Paris (AP-HP). « Chez l'adulte, et en dehors de cas rares chez des patients immunodéprimés, l'adénovirus n'est pas connu pour être responsable d'hépatites aiguës sévères, insiste-t-il. Toutefois, chez les enfants, le cheminement est un peu différent du fait de leur relative immaturité immunitaire. L’adénovirus ne peut donc être totalement exclu. »
Un bon indice de l’implication des adénovirus serait que les hépatites soient précédées d’un tableau clinique compatible avec une infection par ce virus respiratoire (symptômes grippaux, rhinorrhée, courbatures, conjonctivite). Or, selon les autorités sanitaires britanniques (qui rapportent le plus grand nombre de cas à l’heure actuelle), les symptômes respiratoires et la fièvre sont peu fréquents.
Les experts anglo-saxons ont avancé la possibilité d’une cotoxicité associant un adénovirus à un autre virus ou à une substance encore non identifiée. Une thèse que n’écarte pas le Pr Jean-Claude Manuguerra, directeur de la cellule d'intervention biologique d'urgence de l'Institut Pasteur : « Il existe des précédents historiques, se souvient-il. Le virus de l'hépatite Delta, par exemple, ne peut se multiplier dans le foie qu'en présence du virus de l'hépatite B. »
Maintien des connaissances et des compétences
La certification périodique marque des points
Deux poids, deux mesures ? La fin des négos ravive les tensions entre spécialistes et généralistes
Déconventionnement : la colère enfle sur l’île de beauté
C’est quoi ta spé ? – Épisode 01
[VIDÉO] « La bobologie c’est super ! » : Mirana, interne en médecine générale, livre son expérience et ses conseils