Risque de défaillance hépatique aiguë

Le coup de chaleur est dominé par les complications viscérales

Publié le 14/12/2008
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Plus de 40°

Le coup de chaleur est défini par une élévation de la température corporelle au-dessus de 40 °C. On parle d’hyperthermie maligne lorsque la température dépasse 41 °C. L’accident survient le plus souvent à la suite d’un effort musculaire intense et prolongé, une température extérieure élevée étant un facteur aggravant.

Redistribution du flux

Le tableau clinique découle de la redistribution du flux qui s’effectue au détriment de la circulation splanchnique, cela s’accompagnant de perturbations métaboliques responsables d’une importante production de chaleur.

Encéphalopathie, cytolyse, CIVD

Au-delà de la tachycardie et de la tachypnée réactionnelles, il existe généralement une altération de la conscience pouvant aller jusqu’au coma et qui est liée à l’encéphalopathie, souvent brutale, découlant de la faillite de la thermorégulation. L’accident se complique habituellement d’une cytolyse diffuse, à laquelle peut s’ajouter une coagulation intravasculaire disséminée. Dans les cas sévères, le pronostic vital peut être mis en jeu en raison, notamment, de la survenue d’une défaillance multiviscérale. L’insuffisance hépatique aiguë peut, en particulier, constituer un élément de gravité majeur. C’est pourquoi la prise en charge d’un tel coup de chaleur ne se conçoit qu’en milieu hospitalier, voire en USI.

Un risque accru outre-mer.

La survenue d’un coup de chaleur est un risque bien connu des médecins militaires exerçant leur activité auprès des troupes françaises basées outre-mer. Il s’agit d’une éventualité qu’ils redoutent d’autant plus que l’accident se produit le plus souvent lors d’exercices sur le terrain, loin d’une structure médicalisée équipée pour gérer les complications viscérales.

Réfrigération, intubation

Après transfert rapide vers l’unité sanitaire de rattachement, la pose d’une voie veineuse, la mise en œuvre d’une réfrigération et l’intubation du sujet, dont l’état de conscience est plus ou moins profondément altéré, peuvent permettre de temporiser quelques heures afin de voir comment le tableau clinique évolue.

Transplantation hépatique

La question cruciale qui se pose est, en effet, celle de la nécessité d’un rapatriement en urgence de la victime vers la métropole, la décision étant principalement dictée par l’évolution de la cytolyse hépatique. Si celle-ci se stabilise, un traitement conservateur peut permettre de franchir le cap, mais si, au contraire, elle s’aggrave, les médecins devront envisager d’évacuer leur patient vers la France en vue de la réalisation d’une transplantation hépatique.

D’après la communication du MC Eric Dardare, II e colloque de médecine des missions extérieures, institut de médecine tropicale du service de santé des armées, Marseille.

Dr BERNARD OLLIVIER

Source : Le Quotidien du Médecin: 8480