Une association daclatasvir et asunaprevir

Résultats prometteurs d’une bithérapie contre le VHC

Publié le 19/01/2012
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« C’est un tournant décisif dans les annales du traitement de l’infection par le VHC car l’étude montre qu’une réponse virologique soutenue peut être obtenue sans interféron », déclare le Dr Raymond Chung (Harvard Medical School, Boston) dans un éditorial. « L’idée implicite de ce résultat est que deux agents puissants ayant des profils de résistance complémentaires, administrés sur une durée suffisante, peuvent s’imposer sur la réplication virale et aboutir à une élimination du virus. »

La thérapie standard par peginterféron et ribavirine est d’efficacité limitée, avec 45 à 50 % de réponse virologique soutenue chez les patients infectés par le VHC de génotype 1 (le plus fréquent) et 80 % de réponse chez ceux infectés par les génotypes 2 ou 3, avec des effets secondaires indésirables.

Médicaments qui agissent directement sur le virus.

Une meilleure compréhension des caractéristiques moléculaires du VHC a ouvert la voie au développement de nouveaux médicaments qui agissent directement sur le virus. En effet, l’ARN du VHC, une fois dans la cellule, subit deux destins : il est traduit en une grande protéine virale qui est ensuite coupée par des protéases (NS3-4A) en protéines matures, et il est répliqué en ARN par la polymérase virale NS5B à l’aide de la protéine virale NS5A.

Une nouvelle avancée est rapportée par l’équipe de Lok (Université du Michigan, Ann Arbor). Leur étude, soutenue par Bristol-Myers Squibb, a évalué deux antiviraux aux mécanismes d’action différents : le daclatasvir, un inhibiteur du complexe de réplication NS5A, et l’asunaprevir, un inhibiteur de la protéase NS3.

Dans une étude ouverte de phase 2a, 21 patients infectés par le VHC de génotype 1 qui n’avaient pas répondu à 3 mois de peginterferon-ribavirine, ont été enrôlés dans plusieurs centres.

Ils ont été scindés en deux groupes : le groupe A (11 patients) recevait seulement le daclatasvir (60 mg/j) et l’asunaprevir (600 mg, 2 fois/j), le groupe B (10 patients) recevait en plus le peginterferon et la ribavirine, pendant 6 mois. Le principal résultat était le pourcentage de patients ayant une réponse virologique soutenue 3 mois après la fin du traitement.

Dans le groupe A, 36 % des patients (4 sur 11) ont une réponse virologique qui persistait 3 mois et 6 mois après la fin du traitement (2 des 9 patients infectés par génotype 1a et les 2 patients infectés par un génotype 1b).

Un échappement virologique pendant le traitement est observé chez 6 patients du groupe A (tous de génotype 1a). Des mutations de résistance aux deux antiviraux ont été trouvées dans tous les cas. Un patient présentait une réponse virale à la fin du traitement, mais a rechuté par la suite.

Persistant 3 mois après la fin du traitement.

De plus, les 10 patients recevant la quadrithérapie dans le groupe B ont tous une réponse virologique persistant 3 mois après la fin du traitement. Pour 9 d’entre eux la réponse persiste 6 mois après la fin du traitement. Parmi les effets secondaires, on observe principalement une diarrhée dans les 2 groupes ; 6 patients présentent une hausse transitoire des alanine aminotransférases.

Des thérapies incluant des inhibiteurs de la polymérase pourraient être encore plus efficaces. Une série d’études cliniques évalue actuellement l’efficacité de diverses combinaisons d’agents antiviraux à action directe. « On peut envisager que d’ici 3 ans des associations d’antiviraux oraux seront approuvées », assure le Dr Chung.

Lok et coll., New England Journal of Medicine, 18 janvier 2012.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9069