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Un nouvel antibiotique pour les Gram négatif

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Publié le 24/10/2016
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« En deux ans, la prévalence des entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendu (EBLSE) a crû de 10 %, et ce, pour plusieurs raisons, avance le Pr Jean-Ralph Zahar, médecin en hygiène hospitalière (Hôpital Avicenne à Bobigny).

La première ? Le mécanisme de résistance, un gène mobile, transmissible d’une espèce à l’autre, une opération à coût énergétique nul pour la bactérie. De plus, Escherichia coli est une souche commensale (1012 colibacilles par gramme de selles, 300 g par jour étant émises…). La bactérie est aussi partagée avec le monde animal et « sélectionnée » par les prescriptions antibiotiques vétérinaires.

L’hygiène insuffisante et l’hospitalisation amplifient le phénomène, ainsi que la consommation (humaine) élevée d’antibiotiques. Cet accroissement des résistances à E. coli est à l’origine du réservoir grandissant de patients porteurs et, au plan individuel, du surrisque d’infection à ces germes. Or, la non identification des résistances à l’admission aux urgences retarde le diagnostic et provoque une surmortalité, liée à l’inadéquation thérapeutique des 48 premières heures, cruciales. « Un des facteurs de risque de résistance étant une antibiothérapie préalable : 50 % des infections traitées une première fois résistent effectivement à une antibiothérapie probabiliste… et la prescription d’un antibiotique à large spectre nourrit le réservoir de résistances », regrette-t-il. En raison de ces résistances possibles aux céphalosporines, aux bêta-lactamines ou aux fluoroquinolones, il reste peu de solutions antibiotiques.

Deux essais pivots

« Il s’agit dans ce contexte de préserver la sensibilité d’antibiotiques précieux comme les carbapénèmes et de varier la pression de sélection », observe le Pr Michel Wolf, réanimateur à l'hôpital Bichat-Claude Bernard à Paris. La mise sur le marché de Zerbaxa, association d’une nouvelle céphalosporine de 3e génération (active sur Pseudomonas aeruginosa quel que soit le mécanisme de résistance déployé par la bactérie) et d’un inhibiteur de bêta-lactamases qui restaure l’activité de la C3G sur les EBLSE, répond à ce cahier des charges. Les deux essais pivots de phase 3 attestent de la non infériorité du médicament versus les médicaments de référence, lévofloxacine pour les infections urinaires compliquées, méropénème (en association avec le métronidazole) pour les infections intra-abdominales compliquées. La molécule pourrait être indiquée pour les patients les plus sévères, avant l’identification et l’analyse de la sensibilité du germe. Ou sur des infections documentées à EBLSE, pour épargner les carbapénèmes.

D’après une conférence de presse de MSD

Dr Brigitte Blond

Source : Le Quotidien du médecin: 9528