Le groupe O protège de l’infarctus

Deux gènes influencent les maux de cœur

Publié le 18/01/2011
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POURQUOI certains sujets développent-ils une athérosclérose des coronaires ? Pourquoi ensuite chez certains d’entre eux va-t-il y avoir une rupture de plaque et un infarctus ? Des généticiens américains apportent de nouveaux éléments de réponse à ces questions avec la découverte de deux gènes de susceptibilité. Le premier, appelé ADAMTS7, semble favoriser la survenue de lésions d’athérosclérose, tandis que le second, qui n’est rien de moins que le locus du groupe sanguin O, protège de la survenue d’infarctus du myocarde chez ces patients à risque. L’équipe dirigée par le Dr Muredach Reilly confirme ainsi le rôle protecteur de ce groupe sanguin dans la survenue d’infarctus du myocarde, un rôle suspecté de longue date. Les chercheurs attribuent cet effet à l’enzyme pauvre en glycotransférase, qui code pour le groupe O.

Etudes d’association sur le génome.

Les chercheurs ont mené deux études d’association à grande échelle sur le génome en utilisant les données coronarographiques de participants d’origine européenne. Pour identifier les locus prédisposant aux lésions coronariennes, les scientifiques ont comparé les individus atteints (n=12 393) à ceux qui en étaient indemnes (n=7 383). Pour identifier les locus favorisant la survenue d’infarctus du myocarde, l’équipe s’est focalisée sur la population ayant des lésions d’athérosclérose à la coronarographie. Les génomes des sujets ayant eu un infarctus du myocarde (n=5 783) ont été ainsi comparés à ceux n’en ayant pas eu (n=3 644).

Bien sûr, les facteurs génétiques ne sont pas seuls en cause pour prédisposer à la rupture de plaque athéromateuse et à l’infarctus du myocarde au cours de l’athérosclérose coronarienne. Les mécanismes précipitant ces événements ne sont pas encore totalement élucidés. De plus, si les phénotypes cliniques sont héréditaires et que de nombreux locus de susceptibilité ont déjà été identifiés, que ce soit au niveau de la progression de l’athérosclérose, de la vulnérabilité de plaque et de la thrombose artérielle, il n’en reste pas moins que la transmission est hautement complexe et ne suit pas les règles de ségrégation de la génétique mendélienne.

Dans un éditorial, deux généticiens milanais rappellent ainsi l’hypothèse la plus probable, selon laquelle l’hérédité dépend de plusieurs variants génétiques, qui interagissent ensemble et avec les facteurs environnementaux. Quant à l’équipe américaine, elle souligne à propos de ces résultats que la génétique joue un rôle à différentes étapes du processus physiopathologique et que celà ouvre la voie à la fois à une évaluation personnalisée du risque cardio-vasculaire et au développement correspondant de nouveaux traitements.

The Lancet, édition en ligne du 15 janvier 2011. DOI:10.1016/S0140-6736(10)61996-4.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8887