Des gènes s’expriment diféremment

Du « nez » pour le dépistage du cancer du poumon

Publié le 16/05/2011
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DÈS LES STADES précoces du cancer du poumon, les cellules de la muqueuse nasale présentent des changements d’expression génétique. Ce qui suggère une méthode simple et non invasive de dépistage chez les fumeurs, comme l’ont présenté des chercheurs de l’université de Boston au congrès de l’American Thoracic Society. « La survie à un stade précoce est de 60 % à 5 ans par rapport à 2 % pour un stade avancé, souligne l’auteur principal de l’étude, le Dr Christina Anderlind. Pour autant, il n’est pas aisé de poser le diagnostic au plus tôt étant donné que les techniques existantes s’avèrent hautement invasives ».

Les chercheurs ont recueilli les cellules épithéliales nasales chez 33 sujets fumeurs passant une bronchoscopie pour suspicion de cancer du poumon. Onze étaient atteints d’une maladie bénigne, les 22 autres d’un cancer du poumon. Une fois prélevés au niveau de la narine droite ou gauche, les frottis cellulaires étaient séquencés à l’aide de puces à ADN.

Les chercheurs ont constaté que près de 170 gènes sont exprimés différemment selon que les patients sont atteints ou non de cancer du poumon. De plus, les gènes liés au cancer du côlon et à l’adénocarcinome, de même que ceux contrôlant la division cellulaire et la croissance vasculaire, sont exprimés plus fortement chez les sujets cancéreux. À l’inverse, les gènes suppresseurs de tumeur sont exprimés de manière plus faible.

Dans ses travaux précédents, l’équipe avait étudié les différences d’expression génétique au niveau bronchique. « Nous avons utilisé le même principe en l’appliquant cette fois-ci aux cellules nasales, explique le Dr Anderlind. Notre hypothèse était que l’épithélium des voies aériennes supérieures des patients fumeurs ayant un cancer exprime un profil génétique spécifique et que l’empreinte nasale reflète le statut pulmonaire. Un simple frottis nasal permettrait de réaliser le dépistage en consultation ». L’équipe prévoit d’ores et déjà d’analyser 100 prélèvements supplémentaires afin de valider la fiabilité de la technique.

Congrès international de l’American Thoracic Society, 2011.

 Dr IRÈNE DROGOU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8963