La France lance son premier plan pour une médecine génomique en faveur ses soins et de la prévention

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Publié le 23/06/2016
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Crédit photo : AFP

« Un plan majeur pour les Français et notre système de santé » et qui met « les progrès de la recherche au service du soin et de la prévention ». Ainsi Marisol Touraine a-t-elle salué le plan France médecine génomique 2025, remis ce mercredi 22 juin à Matignon par le Pr Yves Lévy, président de l'INSERM et de l'Alliance nationale pour les sciences de la vie (AVIESAN). Une feuille de route sur 10 ans, répondant à la demande du Premier ministre d'un « modèle français » de la médecine de précision et de l'accès au diagnostic génétique sur tout le territoire.

Trois objectifs structurent ce plan élaboré sous la direction de l'AVIESAN et intégrant les expertises concernées (médecins, chercheurs, industriels, associations professionnelles et de malades). Le premier « vise à placer la France dans le peloton de tête des grands pays engagés dans la médecine personnalisée de précision », explique le Pr Lévy à la tête du comité de pilotage. Le second revient à « instaurer un parcours de soins générique avec un accès commun à tous les patients affectés par les cancers, maladies rares ou communes permettant, à l’horizon 2025, la couverture par la médecine génomique de l’ensemble des patients concernés ». Le troisième objectif porte sur « la mise en place d’une filière nationale de médecine génomique capable d’être un levier d’innovation scientifique et technologique, de valorisation industrielle et de croissance économique ».

Atteindre 235 000 séquençages par an en 2020

Ce projet, « transformant et ambitieux » comme le qualifient ses auteurs, sera construit autour de 12 plateformes de séquençage couvrant l’ensemble du territoire, d’un centre national d’analyse des données et d’un centre national de référence, d’innovation technologique et de transfert. L'objectif attendu étant de prendre en charge, à l’horizon 2020, environ 235 000 séquences de génomes par an correspondant à 20 000 patients atteints de maladies rares et leurs familles (environ 60 000 génomes) et 50 000 patients prioritaires car atteints de cancers métastatiques/réfractaires au traitement (environ 175 000). Au-delà de 2020, une montée en puissance du dispositif est prévue avec la prise en considération de maladies communes.

Un centre national de calcul intensif

Pour pouvoir mener à bien cette ambition, ses instigateurs soulignent la nécessité de la généralisation d’un dossier électronique médical du patient, standardisé et interopérable indispensable à l’intégration et l’utilisation des données génomiques et cliniques. Le plan inclut du reste la création d'un centre national de calcul intensif (le « CAD », Collecteur analyseur de données), capable de traiter et d’exploiter le volume considérable de données générées et d’offrir les premiers services à destination des professionnels de santé dans le cadre du parcours de soins (analyses in silico et outils d’aide à la décision en matières diagnostic, pronostic et d’élaboration de stratégies thérapeutiques). « Les données de chacun accumulées avec les données de tous, permettront ainsi de revenir à chacun avec une médecine de précision », s'enthousiasme Yves Lévy.

Une enveloppe de 670 millions d'euros

« 670 millions d'euros seront débloqués sur les 5 premières années pour la mise en œuvre de ce plan », a indiqué Marisol Touraine. Ce qui représente un soutien de l'État à hauteur de deux tiers de son financement, selon elle. Le reste appelant à la participation de partenaires industriels. « L’implication des industriels concernés aux côtés de la recherche académique et des acteurs publics du soin est essentielle », a rappelé de son côté le président de l'INSERM.

Le document remis à Matignon évoque par ailleurs la préparation d’une évolution des cadres réglementaires existants en fonction des bonnes pratiques et des normes juridiques et éthiques, notamment par la saisine du Comité consultatif national d’éthique, adaptées aux différentes étapes du parcours de soins. Il souligne en outre la nécessité de mettre en œuvre les adaptations nécessaires du plan tout au long de son développement en assurant l’information et l’implication du public, des usagers et des associations de malades.

Une dimension éthique indispensable

« La dimension éthique fait partie intégrante de la mise en place de ce plan. On ne développera pas efficacement la médecine génomique personnalisée sans répondre en même temps aux nombreuses interrogations que posent les citoyens », affirme Yves Lévy, évoquant notamment le consentement dans l’accès et l’utilisation de données de santé, l’anonymisation des données, la gestion des découvertes secondaires ou incidentes non désirées, « inévitables quand on explore le génome complet d’un patient. »

« Si nous ne plaçons pas toute la rigueur éthique nécessaire dans notre démarche collective, nous risquerons une rupture du pacte démocratique entre la science et la société », conclut le président d'AVIESAN.

Betty Mamane

Source : lequotidiendumedecin.fr