Étude AUGMENT-HF

L’essor des biothérapies

Publié le 26/01/2015
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L’étude AUGMENT-HF a évalué les effets de l’injection intramyocardique, à l’aide d’une thoracotomie limitée, d’un polymère, l’Algisyl-LVR, un hydrogel d’alginate, où il demeure comme un implant permanent, permettant de diminuer, selon la loi de Laplace, la contrainte pariétale en augmentant l’épaisseur myocardique, ce qui permettrait de prévenir ou d’inverser la progression de l’insuffisance cardiaque chez les patients ayant une dilatation ventriculaire gauche. Cette étude randomisée, multicentrique, en groupes parallèles, a inclus 78 patients ayant une cardiopathie dilatée, d’origine ischémique ou non, une insuffisance cardiaque avancée, demeurant symptomatique sous traitement médical optimal. Les critères d’inclusion comportaient une fraction d’éjection ≤ 35 %, un diamètre télédiastolique ventriculaire gauche compris entre 30 et 40 mm/m², un pic VO2 compris entre 9 et 14,5 ml/mn/kg ne variant pas de plus de 15 % entre deux examens. Les 35 patients traités par implantation d’Algisyl-LVR (2 n’ayant pas pu être implanté en raison de l’existence d’un thrombus ventriculaire gauche et 3 ayant retiré leur consentement) ont été comparés à un groupe contrôle de 38 patients, tous poursuivant un traitement médical optimal.

Après 6 mois de suivi, pour le critère primaire d’efficacité, le pic VO2 étudié en aveugle, il a été observé une augmentation significative chez les patients traités par l’Algisyl-LVR, 12,1 à 13,2 ml/mn/kg versus 12,2 à 12,4 ml/mn/kg pour le groupe contrôle, p ‹ 0,014. Il y a eu une amélioration significative de la distance parcourue au test de marche de 6 minutes (+ 71 m, p = 0,01) et une amélioration de la classe de la NYHA. Concernant le critère primaire de sécurité, la mortalité toute cause à 30 jours, la mortalité observée (3 décès) dans le groupe traité par l’Algisyl-LVR n’a pas excédé la mortalité prédite (› 4 décès). Néanmoins, après 6 mois de suivi, le nombre total d’effets adverses a été plus élevé dans le groupe traité par l’Algisyl-LVR que dans le groupe témoin (77,5 % versus 44,7 %, p ‹ 0,001), ainsi que le taux d’effets adverses sérieux (40 % versus 26,3 %, p = 0,063), dont 6 (15 %) de décès versus 3 (7,9 %).

Ainsi, des implants d’Algisyl-LVR intramyocardiques peuvent être réalisés en relative sécurité chez des patients ayant une insuffisance cardiaque avancée et permettent une amélioration de la capacité fonctionnelle et de la classe de la NYHA. L’utilisation du pic de VO2, apprécié en aveugle, comme critère de jugement renforce la robustesse des résultats en s’affranchissant de critères subjectifs. Cependant, l’ampleur de l’amélioration de la capacité d’effort reste modeste et la nécessité de réaliser une thoracotomie chez un insuffisant cardiaque sévère constitue un handicap certain pour cette nouvelle thérapeutique, pouvant rendre compte du nombre plus élevé d’effets adverses. Ainsi de nouvelles études sont nécessaires pour apprécier le rapport bénéfice/risque de cette technique, qui pourrait dans l’avenir bénéficier du développement des méthodes de traitement par voie endovasculaire.

CHU Toulouse-Rangueil
Pr Michel Galinier

Source : Congrès spécialiste