Maladie de Whipple

Probable émergence en Afrique

Publié le 27/05/2009
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UNE ÉTUDE de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et de ses partenaires de l’Université de la Méditerranée révèle que la bactérie Tropheryma whipplei est présente chez 44 % des enfants de 2 à 10 ans de deux villages situés au sud-ouest du Sénégal. « Ces résultats peuvent vraisemblablement être extrapolés aux zones rurales du reste du pays, voire de l’Afrique subsaharienne », relèvent les chercheurs, qui, à propos d’une bactérie responsable de la maladie de Whipple, une infection chronique grave, invariablement mortelle en l’absence de traitement, craignent « une menace de santé publique majeure ».

Avant 2 ans.

Les chercheurs ont analysé les échantillons fécaux de 150 enfants en bonne santé, âgés de 2 mois à 10 ans vivant dans les villages de Ndiop et Dielmo. La prévalence la plus élevée concerne la tranche d’âge de 2 à 10 ans mais l’étude montre que la contamination intervient très tôt : 11 % des bébés de moins de 8 mois et 37 % des enfants de 8 mois à 2 ans. « Ces taux de prévalence sont très largement supérieurs à ceux observés en Europe, en Asie ou en Amérique », font observer les chercheurs. En Europe, très peu d’enfants de moins de 2 ans sont porteurs du pathogène.

Le mode de transmission ne semble pas être, dans le cas du Sénégal, uniquement orofécal. Les tests effectués sur l’eau des 8 puits qui alimentent en eau potable les deux villages, étaient tous négatifs. Des tests complémentaires, notamment sur la présence de la bactérie dans la salive, sont en cours. L’analyse génotypique est en faveur d’une transmission de la bactérie d’homme à homme (propagation à partir d’une souche unique, spécifique du Sénégal).

Outre la maladie de Whipple, multiviscérale dans sa forme classique, qui se manifeste par de la fièvre, des douleurs articulaires, des diarrhées chroniques, des séquelles neurologiques, T. Whipplei peut provoquer des gastro-entérites, des endocardites, des méningoencéphalites. Tous ceux qui sont porteurs de la bactérie ne développent pas la maladie, sans doute en raison d’une susceptibilité génétique particulière. La maladie, décrite pour la première fois en 1907 par un médecin américain, George Whipple est considérée comme rare et reste méconnue.

 Dr LYDIA ARCHIMÈDE

Source : lequotidiendumedecin.fr