Menace d’arrêt des IVG : le Syngof rétropédale mais ne s'excuse pas

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Publié le 14/03/2019
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Crédit photo : S. Toubon

Face au tollé, le Syndicat des gynécologues et obstétriciens de France (Syngof) assure dans un communiqué qu’il ne cessera pas la pratique des IVG, mais « ne faiblira pas devant le problème de couverture assurantielle (…) qui menace la pérennité de la profession ». Se présentant au « Quotidien » comme un « syndicaliste qui soutient ses confrères en grande difficulté et menacés de ruine », le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syngof, se dit « désolé d’en être arrivé là pour parler de ce vrai problème de vie qui touche 15 confrères. Le scandale est là ». Connu pour sa position personnelle contre l’IVG qui ne reflète pas, rappelle-t-il, celle de son syndicat, le gynécologue affirme que « ce n’est pas une remise en cause du droit à l’IVG ».

Un message, rédigé par l'ancien président du Syngof, le Dr Jean Marty et adressé à ses adhérents, a mis le feu aux poudres lorsqu’il a fuité hier sur les réseaux sociaux. Le premier syndicat des gynécologues et obstétriciens du pays avançait son intention d’« arrêter les IVG » s’il n’était pas reçu par la ministre de la Santé au sujet d’une question de couverture assurantielle

Une menace en contradiction avec les règles déontologiques

Depuis la fuite du message, les réactions se sont multipliées. Après la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, et le Conseil national de l’Ordre des médecins, hier, plusieurs instances professionnelles ont manifesté leur désapprobation. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) considère la « menace de grève de l’IVG proférée par le Syngof (…) en contradiction avec toutes les règles déontologiques ». Qualifiant le choix de la menace de « totalement inacceptable et inapproprié », la société savante de la spécialité estime que « rien ne peut obérer ce droit fondamental des femmes dans notre pays, quelle que soit l’importance de l’enjeu ».

Droits des femmes vs problématiques catégorielles

L’Ordre des sages-femmes est également monté au créneau et condamne « avec fermeté » la démarche du Syngof qu’elle juge comme « une faute morale indigne de tout professionnel de santé ». Selon l’instance, « l'accès à l'IVG, encore trop complexe pour de nombreuses femmes, ne peut être un moyen de pression pour répondre à des problématiques catégorielles ».

Le Syndicat national des anesthésistes-réanimateurs de France (SNARF) s’est également désolidarisé de la démarche du Syngof. Quelques-uns de ses membres sont pourtant également exposés au trou de garantie pour les sinistres antérieurs à 2012 et à l’adoption de la loi créant le « fonds de garantie des dommages consécutifs à des actes de prévention, de diagnostic ou de soins dispensés par les professionnels de santé exerçant à titre libéral » (FAPDS). Si le SNARF a soutenu, aux côtés du Syngof, le dépôt par plusieurs députés d’un amendement destiné à étendre l’intervention du fonds de garantie, l’organisation estime qu’elle ne « peut s’associer à un mouvement (…) prenant en otage les patientes désirant une interruption de grossesse ».


Source : lequotidiendumedecin.fr