Une efficacité de 38 % pour la vaccination contre la grippe saisonnière en Europe

Par
Publié le 17/02/2017
GRIPPE

GRIPPE
Crédit photo : PHANIE

En Europe, le vaccin employé cette année contre la grippe saisonnière a une efficacité contre la souche Influenza A (H3N2) de 38 %, selon les résultats de l'étude I-MOVE, publiée dans « Eurosurveillance », menée à partir des prélèvements fournis par 893 médecins généralistes et 27 hôpitaux européens.

Pour parvenir à ces résultats, les auteurs ont employé une méthodologie dite « negative design » : il s'agit d'une étude cas-contrôle dans laquelle les 2 250 échantillons positifs pour la présence d'influenza à la disposition des chercheurs sont considérés comme les cas, et les 2 773 échantillons négatifs sont considérés comme des contrôles.

Cette approche a déjà été utilisée par le réseau de surveillance canadien qui avait conclu, la semaine dernière, à une efficacité de 42 % du vaccin actuel contre la grippe saisonnière. Le Pr Bruno Lina, responsable du laboratoire Virpath de l'université de Lyon, et du centre national de référence des influenzas, avait alors précisé au « Quotidien », qu'il s'agissait d'une méthodologie qui « peut être critiquée car tirant les chiffres vers le bas ».

La France, pays le plus vacciné de l'étude

Le taux de vaccination observé en médecine de ville est de 10,3 % chez les cas infectés par l'influenza, contre 10,9 % chez les contrôles. C'est en France que les taux de vaccination étaient les plus élevés, avec 26 % chez les patients infectés, et 22 % chez ceux dont le prélèvement s'est révélé être négatif.

Il y a des différences d'âge sinificative entre les cas et les contrôles : plus d'un quart des patients infectés par l'influenza A, avait moins de 4 ans, contre un peu plus de 12 % chez les contrôles, non infectés. A contrario, les enfants de 5 à 14 ans étaient bien moins fréquents parmi les cas infectés par l'influenza : 12,1 % contre 22,7 % chez les contrôles.

Après avoir ajusté leurs résultats pour les facteurs de risque, et notamment pour l'âge, les auteurs ont évalué l'efficacité globale du vaccin à 38 %, avec une efficacité de 44,1 % chez les moins de 14 ans, de 46,9 % chez les adultes de moins de 65 ans et de 23,4 % chez les personnes âgées de plus de 65 ans. Dans les groupes les plus à risque, ciblés par la vaccination, l'efficacité vaccinale est de 25,7 %.

En hospitalier, où les patients sont généralement plus âgés, et les efficacités vaccinales bien plus faibles : 2,5 % chez les patients de moins de 65 ans, de 7,9 % chez les patients de 65 à 79 ans et de 2,4 % chez les patients de plus de 80 ans. « Comme lors des saisons précédentes, nous observons une efficacité sous optimale de la vaccination contre l'influenza A (H3N2) », constatent les auteurs.

L'effet complexe des vaccinations passées

En complément de ces données, des chercheurs en santé publique espagnols ont publié, également dans « Eurosurveillance », des données sur l'efficacité du vaccin saisonnier contre l'Influenza A (H3N2) en fonction du statut vaccinal les années précédentes.

Comparés aux patients qui n'ont été vaccinés ni en 2016 ni au cours des 4 saisons de grippe précédente, les patients vaccinés uniquement en 2016 bénéficiaient d'une efficacité vaccinale de 42 %. Ceux vaccinés en 2016, et 3 ou 4 fois au cours des 4 saisons précédentes bénéficiaient d'une efficacité vaccinale de 24 %, tandis que ceux vaccinés en 2016 et une ou deux fois au cours des 4 saisons précédentes bénéficiaient d'une protection de 61 %.

Enfin, ceux qui n'ont pas été vaccinés en 2016 ont bénéficié d'une protection vaccinale de 42 % s'ils ont été vaccinés 1 ou 2 fois au cours des 4 années passées, et de 58 % s'ils ont été vaccinés 3 à 4 fois. Les auteurs voient dans ces chiffres une relation complexe à explorer entre le statut vaccinal au cours de l'année en cours et celui des années passées.


Source : lequotidiendumedecin.fr