Vaccins et certificats de complaisance : après la condamnation d'un médecin à Angers, l'Ordre local rappelle les règles

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Publié le 25/01/2019
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Crédit photo : S. Toubon

Début janvier, la condamnation ordinale d'un médecin homéopathe d'Angers (Maine-et-Loire) pour avoir délivré un certificat de complaisance de contre-indication à la vaccination à un enfant a fait grand bruit. Un an après l'entrée en vigueur de l'obligation vaccinale élargie à 11 vaccins, l'Ordre local en profite pour alerter la profession sur les dangers d'une telle complaisance en matière vaccinale. 

L'affaire d'Angers remonte à février 2017. Le Dr François Beaudoin avait délivré un certificat de complaisance à un garçon de deux ans sur insistance de sa mère qui refusait de le faire vacciner. C'est un médecin du CHU d'Angers qui l'a découvert quelques mois plus tard alors qu'il soignait sa petite sœur atteinte de coqueluche. Le praticien a alerté l'Ordre sur la « pratique à risque » de son confrère.

Quelques mois plus tard, la chambre disciplinaire de l'Ordre a tranché. « Le Dr Beaudoin a fait courir un risque injustifié à l'enfant et à son entourage. Il a également manqué à son obligation déontologique de vigilance sanitaire ». Le médecin écope d'une interdiction d'exercer de deux mois qui prendra effet au 1er mars. 

Le médecin doit respecter la loi

Après le premier signalement, le conseil de l'Ordre du Maine-et-Loire avait adressé un premier courriel à tous les généralistes et pédiatres du département pour leur rappeler, certes, leur droit de faire appel à leur clause de conscience pour refuser de vacciner un enfant, mais à condition seulement de transférer le patient vers un confrère.

Mais compte tenu de l'ampleur médiatique de cette affaire, l'Ordre local adresse cette fois à tous les directeurs de crèche l'information suivante : « Le conseil de l'Ordre lutte contre les certificats de complaisance de contre-indication médicale à la vaccination. Ainsi, en cas de certificat médical de contre-indication à la vaccination pour un enfant accueilli dans votre EAJE [établissement d'accueil des jeunes enfants, NDLR], il est nécessaire d'en informer le médecin de votre structure ou, à défaut, le médecin de PMI de votre secteur pour suites à donner. »

Le message est clair : pas question de libre cours à des pratiques dangereuses de non-vaccination. « Il faut battre en brèche le refus de la vaccination », déclare fermement au « Quotidien » le Dr Luc Fouché, président de l'Ordre du Maine-et-Loire. « C'est notre conviction générale ! »

Pas une chasse aux sorcières

Le généraliste de Seiches-sur-le-Loir ne se veut pas dogmatique mais entend faire appliquer la législation. « Le médecin peut avoir ses convictions mais il doit respecter la loi », rappelle-t-il. Les praticiens délivrant des certificats de contre-indication à la vaccination doivent se protéger. « Le certificat d'un généraliste seul ne suffit pas, il faut s'entourer d'un service hospitalier d'allergologie, d'immunologie ou de pédiatrie pour prouver qu'il y a une contre-indication. »

Le Dr Fouché insiste sur la double nécessité d'informer les médecins de leurs droits d'une part et de chasser les certificats de complaisance d'autre part. « Nous ne menons pas une chasse aux sorcières, mais les médecins doivent prendre conscience de leurs actes. »


Source : lequotidiendumedecin.fr