Médecine thermale

Covid long : un bilan encourageant pour les premières cures

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Publié le 11/03/2022
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Les thermes d’Allevard et de Brides-les-Bains ont été les premiers en France à proposer à l’été 2021 des programmes de cures pour les personnes atteintes de Covid long. Avant que leur activité ne reprenne en avril, le bilan esquissé à partir d'une vingtaine de participants est globalement positif.

Les thermes d'Allevard

Les thermes d'Allevard
Crédit photo : Gilles Triard

Les thermes d’Allevard (Isère) et leurs voisins de Brides-les-Bains (Savoie) ont été les premiers à proposer des cures spéciales pour Covid long. Sur les deux sites ont été accueillis 22 patients entre juillet et octobre 2021. Si ce nombre est encore trop faible pour des conclusions définitives, le bilan tiré par l’équipe est toutefois positif.

« Nous avons réagi vite, car nous avions déjà les compétences, indique la Dr Claire Cracowski, pneumologue et médecin-conseil auprès des thermes. Les symptômes du Covid long ressemblent à la fibromyalgie, déjà traitée à Allevard : fatigue, troubles du sommeil et douleurs. » La médecin du centre d'investigation clinique du CHU de Grenoble suit déjà des patients atteints du Covid depuis mars 2020. Elle rappelle que le syndrome de Covid long est défini par des « symptômes très polymorphes […] persistants au-delà de quatre semaines – trois mois pour l’Organisation mondiale de la santé. » Ce qui interviendrait dans 10 à 20 % des cas de Covid, soit « un nombre absolu important », souligne-t-elle.

Des ateliers d’éducation thérapeutique

Le diagnostic est délicat à poser pour les généralistes en soins primaires : un interrogatoire et un examen clinique complet permettent de limiter les investigations complémentaires à ce qui est nécessaire pour éliminer les diagnostics d’urgence (myocardite, péricardite, maladie thromboembolique…). « Une fois cela écarté, certains patients se retrouvent seuls avec leurs symptômes, en grande détresse psychique et risquent d’entrer dans la spirale du déconditionnement avec isolement social et syndrome anxiodépressif », alerte la Dr Cracowski, qui souligne que la Haute Autorité de santé (HAS) a édité des fiches pratiques afin d’éviter toute errance thérapeutique.

« Il est donc important de rassurer les personnes, de reconnaître et d'expliquer les symptômes, de donner des outils pour se rééduquer très progressivement en dosant intensité et durée des efforts sans aggraver les symptômes », expose-t-elle.

À Allevard comme à Brides, les bilans de début et fin de cure permettent d’individualiser les programmes d’éducation thérapeutique du patient (ETP). Au choix, trois ateliers de groupe parmi ceux proposés : mieux connaître la maladie ; mieux gérer les symptômes ; atelier goût et odorat ; et trois autres ateliers diététiques, axés sur le bien-être digestif.

Reprise de l'activité physique et de la vie professionnelle

Un suivi est également réalisé par questionnaire à un, trois et six mois après la cure. Pour l’heure, dans l’attente de la dernière évaluation, les réponses sont satisfaisantes dans l’ensemble : « 20 des 22 curistes nous ont répondu », note Nathalie Négro, responsable du centre nutritionnel des thermes de Brides-les-Bains et coordinatrice des programmes d’ETP pour les sites de Brides et Allevard.

« Alors que 20 patients sur 22 avaient de gros problèmes de fatigue, 15 ont désormais une activité physique et 7 ont pu reprendre le travail, au moins de manière partielle », rapporte-t-elle. L'impact sur la vie professionnelle ne concerne que la moitié des patients, l’âge moyen étant de 58 ans. « Parmi les 13 qui avaient des troubles digestifs, 10 notent une amélioration. Treize ont également entamé une démarche de suivi : quatre avec un psychologue ou psychiatre, trois avec un kiné ou ostéopathe, trois avec un orthophoniste et trois en protocole de suivi de Covid long, détaille Nathalie Négro. Le point négatif est que six ressentent toujours le même état de fatigue. »

Concernant la prise en charge, si les soins thermaux de 18 jours sont conventionnés et donc remboursables par l’Assurance-maladie, le programme d'ETP ne l’est pas et 300 euros sont à la charge du curiste (315 à Brides-les-Bains). Certaines mutuelles complètent toutefois jusqu’à un tiers de cette somme, notamment pour les consultations diététiques. À noter également qu’il est possible de n’effectuer que neuf jours de cure, les ateliers étant regroupés sur cette durée, mais qu’il faudra alors débourser 965 euros hors hébergement (980 à Brides) sans prise en charge par la Sécurité sociale ; ou bien 725 euros (735 à Brides) pour une durée réduite de six jours.

Florian Espalieu

Source : Le Quotidien du médecin