Ebola : l'épidémie en RDC est désormais une « urgence de portée mondiale »

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Publié le 18/07/2019

Crédit photo : AFP

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré mercredi soir une « urgence de portée mondiale » pour l'épidémie d'infection par le virus Ebola en cours en République démocratique du Congo. Cette décision a été annoncée par le directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, sur le conseil de son comité d'urgence qui s'est réuni mercredi après midi.

« Bien que cette épidémie reste locale, nous avons fait cette recommandation pour 3 raisons », explique le Pr Robert Steffen, directeur du comité d'urgence du règlement sanitaire international. « Tout d'abord, pour la première fois, un cas a été diagnostiqué dans une ville de plus d'un million d'habitants, à Goma. Ensuite, et malgré un an d'efforts, la transmission du virus reste très active, sur une zone qui s'étend désormais sur 500 km. Enfin, nous assistons à des assassinats de plusieurs membres des communautés locales impliqués dans la réponse. »

Depuis janvier dernier, les équipes et les infrastructures engagées dans la réponse à l'épidémie ont subi 198 attaques, provoquant 7 morts et 58 blessés. Au cours des 5 derniers jours, 2 responsables communautaires, engagés dans des campagnes de lutte contre l'épidémie, ont également été assassinés à leur domicile.

Le Dr Tedros rappelé que le Nord-Kivu est une zone de conflit depuis plus de 25 ans, et se veut rassurant : « Les 6 ou 7 dernières semaines ont été relativement calmes grâce à la coordination de l'armée de la RDC et de la MONUSCO (mission de l'ONU pour la stabilisation en RDC), détaille-t-il. Je pense aussi que l'engagement des communautés a beaucoup joué. »

Pas de changement de cap

Dès à présent, suite à cette alerte mondiale, les 196 pays signataires du règlement sanitaire international vont devoir renforcer leur surveillance du virus Ebola à l'intérieur de leurs frontières. Le Dr Tedros insiste toutefois sur l'importance de ne pas mettre en place de mesures visant à restreindre le déplacement de personnes, telles que la fermeture de frontières. « L'impact économique serait terrible ce qui influerait négativement l'évolution de l'épidémie », juge-t-il.

Le Dr Tedros a renouvelé son appel à la contribution internationale, il estime à 100 millions de dollars (90 millions d'euros environ) la somme nécessaire pour financer la riposte à l'épidémie. La France, critiquée pour son absence de réaction, a annoncé pour sa part mardi la nomination d'un envoyé spécial sur Ebola, le Pr Yves Lévy, chargé « d'orienter » sa réponse face à l'épidémie en RDC.

12 nouveaux cas par jour

Bien que toujours confinée dans les provinces frontalières d'Ituri et du Nord-Kivu, l'épidémie est encore loin d'être jugulée : 12 nouveaux cas sont signalés en moyenne chaque jour, et l'on dénombre désormais 2 407 cas confirmés et 1 650 décès. Lors de la réunion de haut niveau tenu lundi dernier, il a été rappelé à de nombreuses reprises le risque « très élevé » de propagation aux pays limitrophes (Ouganda, Rwanda et Burundi).

Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est tout de même félicité du succès de la campagne de vaccination lancée peu de temps après le début de l'épidémie : à la date du 6 juillet dernier, 154 037 personnes à risque ont reçu une dose du vaccin rVSV-ZEBOV-GP, dont 37 373 personnes ayant été en contact direct avec un malade et 67 756 contacts de contacts. De plus, près de 3 000 travailleurs de santé ont également été vaccinés.

Pour le Dr Mike Ryan, directeur exécutif du programme des urgences sanitaires à l'OMS, l'efficacité de la campagne de vaccination pourrait être améliorée. « Le vaccin ne protège des d’individus que si les cas sont repérés suffisamment tôt, afin de vacciner rapidement les contacts ainsi que les contacts de contacts. Nous devons pour cela améliorer notre surveillance », affirme-t-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr