Evusheld hors jeu, l’arsenal thérapeutique contre le Covid repose sur le seul Paxlovid

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Publié le 01/02/2023
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Crédit photo : AFP

Inefficace face au variant BQ.1.1 actuellement dominant en France, le traitement de prophylaxie pré-exposition Evusheld (tixagévimab et cilgavimab) n’est plus recommandé, indique un « DGS-Urgent » daté du 31 janvier. Jusque-là, il pouvait être prescrit « sous réserve de la sensibilité de la souche » circulante.

La mise à jour de la Direction générale de la santé (DGS) fait suite à un avis du groupe AvATher (ex-mAbTher) de l’ANRS-MIE. « D'une manière générale, l’activité de l’Evusheld sur les sous-variants d’Omicron repose principalement sur le cilgavimab, le tixagévimab ayant quasi-totalement perdu son activité et l’effet synergique de la combinaison restant modeste », y est-il indiqué. Mais de nouveaux résultats, dont certains issus de l’étude française Precovim qui a évalué un doublement des doses chez des patients immunodéprimés, « ont confirmé la perte totale de l’activité neutralisante du cilgavimab sur le variant BQ.1.1 ».

Cet avis rappelle également la persistance d’un signal de pharmacovigilance relatif aux évènements indésirables cardiovasculaires chez les patients ayant reçu Evusheld (121 effets indésirables, dont 32 cardiovasculaires et/ou thromboembolique). La balance bénéfice/risque du traitement « n’est probablement plus favorable », poursuit le groupe AvATher.

Dans un avis daté du 26 janvier, l'Agence américaine des médicaments (FDA) a également mis sur la touche Evusheld. Aux États-Unis, les souches circulantes (XBB.1.5, BQ.1.1, BQ.1...) ne sont pas non plus sensibles à la combinaison d'anticorps. L'autorisation d'utilisation du traitement est ainsi suspendue « jusqu'à nouvel ordre ».

Dans ce contexte, la Haute Autorité de santé (HAS) devrait actualiser ses recommandations rapides de prise en charge « au cours du mois de février », précise la DGS au « Quotidien ».

Pour l'heure, l’antiviral Paxlovid reste le seul traitement recommandé en première intention. En cas de contre-indication, le remdesivir (Veklury) peut être prescrit en deuxième intention.

Le Paxlovid est à prescrire aux cas légers à modérés, quel que soit le statut vaccinal et ne nécessitant pas de supplémentation en oxygène, mais à risque d’évolution vers une forme sévère : les plus de 65 ans, les porteurs d'une immunodépression quel que soit leur âge et les non-immunodéprimés présentant une comorbidité à haut risque de forme sévère quel que soit leur âge.

Des dispositifs pour faciliter l’accès au Paxlovid

Le traitement est à administrer précocement, dans les cinq jours suivant l’apparition des symptômes, et pendant cinq jours. La prescription s’effectue via le logiciel métier ou sur l’ordonnancier habituel. Il est possible de réaliser une prescription à dispensation conditionnelle pour permettre au patient de se faire délivrer du Paxlovid sur présentation d’un test positif de diagnostic ou de dépistage. La validité de cette ordonnance est fixée à une limite de trois mois. Cette disposition vise à lever les obstacles à l’accès « dans un éventuel contexte de reprise de l'épidémie et de difficultés d’accès aux soins », indiquait un « DGS-Urgent » daté du 22 décembre.

Pour « maîtriser le risque » associé à cette mesure, le prescripteur « précise sur l’ordonnance les éventuelles adaptations du traitement de fond ou les paramètres biologiques devant conditionner la dispensation », est-il souligné. Le pharmacien « vérifiera avec le patient l'absence de nouvelle comorbidité ou co-médication survenue depuis la prescription », poursuit la DGS.

Pour accompagner la prescription, un numéro vert, le 0800 130 000, est mis en place (cinq jours sur sept de 9 heures à 18 heures) en lien avec la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), le réseau des centres régionaux de pharmacovigilance et le réseau des laboratoires de pharmacologie. Il permet aux prescripteurs de confirmer l’indication et de gérer les interactions médicamenteuses via un contact avec un médecin ou un pharmacien.

Lors de l’appel, il est important de disposer « de l’exhaustivité des traitements du patient, de sa dernière clairance de la créatinine ou créatininémie, et de ses données de suivi pharmacologique le cas échéant (tacrolémie par exemple) », est-il précisé. La SFPT mettra à jour régulièrement la liste des interactions médicamenteuses.


Source : lequotidiendumedecin.fr