Infections invasives à streptocoque du groupe A : malgré la stabilisation, Santé publique France appelle à maintenir la vigilance

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Publié le 17/04/2023
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Crédit photo : Burger/Phanie

Après la hausse inhabituelle des cas pédiatriques d’infection invasive à streptocoque du groupe A (IISGA) signalée en décembre dernier, le nombre de cas tend à se stabiliser, indique Santé publique France (SPF), dans un point de situation publié le 13 avril, sur la base des données arrêtées au 26 mars (semaine 12).

Depuis septembre 2022, 170 cas pédiatriques d’IISGA sévères hospitalisés en service de soins critiques ont été recensés, mais la majorité (121 cas) a été enregistrée avant janvier. Parmi l’ensemble de ces cas, 13 sont décédés et six autres décès par IISGA avant leur admission à l’hôpital ont été signalés. « Cette létalité est comparable à celle retrouvée en Angleterre (6,9 % en 2022) », est-il souligné.

La majorité de ces cas présentaient des infections respiratoires (pneumopathies ou pleuro-pneumopathies) - « une forme de la maladie inhabituelle chez l’enfant », est-il précisé - associées ou non à un syndrome de choc toxique. « Plus de la moitié des cas sont survenus dans un contexte ou dans les suites d’une infection virale type grippe ou VRS », est-il ajouté. La tendance à la stabilisation observée pourrait ainsi « probablement » s’expliquer par une moindre circulation des virus de la bronchiolite, du Covid et de la grippe depuis ces dernières semaines.

Des cas de scarlatine également en hausse

Une augmentation des cas de scarlatine est également signalée. Et le nombre des consultations et passages aux urgences pour ces infections non invasives à SGA reste à des niveaux supérieurs à ceux observés avant l’épidémie de Covid.

« Il est nécessaire de rester vigilant quant à la survenue de cas sévères notamment du fait de la persistance de la circulation des streptocoques A à un niveau inhabituellement élevé même si la sensibilisation des professionnels de santé à cette circulation a pu contribuer à l’identification et à la prise en charge thérapeutique précoce de ces infections », est-il relevé. Cette vigilance est d’autant plus nécessaire que la varicelle, connue pour être un facteur de risque d’IISGA, circule actuellement à un niveau encore faible en France métropolitaine, mais « pourrait également contribuer à une recrudescence des infections sévères chez les enfants », anticipe SPF.

Début décembre, la Direction générale de la santé alertait sur la hausse des signalements concernant principalement des enfants de moins de 10 ans et dans trois régions (Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine), même si la grande majorité (12 sur 13) sont concernées. Alors que cette hausse inhabituelle touche plusieurs pays européens (France, Irlande, Pays-Bas, Suède et Royaume-Uni), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estimait mi-décembre que « le risque pour la population générale posé par les infections à l'iSGA est actuellement faible » tout en appelant elle aussi à la vigilance.

Chez les adultes, l’augmentation du nombre d’IISGA, suggérée par les données du Centre national de référence (CNR), reste à confirmer par des analyses complémentaires issues des données du réseau Epibac (surveillance des infections invasives d’origine bactérienne) et du PMSI (Programme de médicalisation des systèmes d’information), indique SPF. Pour l’heure, la hausse est « plus progressive » dans cette population.

Pour expliquer le phénomène, SPF exclut l’hypothèse d’une nouvelle souche bactérienne et relève plutôt une fréquence « plus élevée » des souches de génotype emm 1 de séquence-type (ST) 28. Les analyses microbiologiques centralisées par l’agence sanitaire britannique (UKSHA) montrent également une majorité de souches de génotype emm 1. « Un nouveau variant M1UK a émergé et s’est développé au cours de la dernière décennie, son possible rôle dans la survenue du nombre important de cas d'IISGA observée actuellement chez les enfants reste incertain », indique SPF.

Décès plus fréquents chez les plus de 65 ans

En France, au 1er trimestre 2023, le nombre de souches reçues au CNR tend à baisser, aussi bien pour les enfants que chez les adultes. Si cette tendance reste à confirmer, SPF relève, à partir des données de mortalité du CépiDC, une augmentation des décès en 2022 et en 2023 par rapport aux années 2015-2017. Aussi, les décès survenus depuis le mois de février 2023 semblent concerner « plus fréquemment » des personnes âgées de plus de 65 ans par rapport à ceux survenus au cours des mois de décembre 2022 et janvier 2023.

Ces augmentations d’infections non invasives type scarlatine et d’IISGA « pourraient résulter, au moins en partie, d’un rebond post-mesures barrières, notamment chez des enfants dont le système immunitaire n’a pas été au contact avec les souches de SGA qui circulent habituellement », suggère SPF.

L’Agence rappelle qu’une suspicion d’infection à SGA non invasive, chez l’enfant ou l’adulte, « doit conduire à consulter pour une confirmation de l’étiologie sans délai et la mise en place du traitement adapté ». De même, « un tableau respiratoire viral fébrile qui ne s’améliore pas, surtout s’il est associé à un choc, doit faire évoquer une IISGA ».


Source : lequotidiendumedecin.fr