Infections nosocomiales : une prévalence en hausse en raison du Covid

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Publié le 26/05/2023
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Crédit photo : Phanie

Si l'on ne tient pas compte des infections Covid, la prévalence des infections nosocomiales est relativement stable ces dernières années. C'est ce que montre la dernière enquête nationale de prévalence des infections nosocomiales et des traitements anti-infectieux en établissement de santé (ENP), menée en France tous les cinq ans depuis 1990.

Cette nouvelle édition, coordonnée par Santé publique France (SPF), a été réalisée entre le 15 mai et le 30 juin 2022. Au total, 1 155 établissements de santé ont participé, soit 151 676 patients. « Près d’un établissement sur deux a participé à cette enquête, une proportion très satisfaisante au regard des fortes contraintes liées à la pandémie de Covid qui pesaient alors sur ces établissements », salue SPF dans un communiqué.

Il ressort de cette enquête une prévalence de patients infectés de 5,71 %, c'est-à-dire qu'un patient hospitalisé sur 18 est concerné par une infection nosocomiale. Cette prévalence a augmenté de 14,7 % entre 2017 et 2022, les infections nosocomiales à Sars-CoV-2 représentant la moitié de cette augmentation. « En excluant ces dernières, la prévalence des patients infectés était de 5,35 %, relativement stable par rapport à celle estimée en 2017 (4,98 %) », précise SPF.

L'étude montre des disparités en fonction de la catégorie d’établissement et du service prenant en charge le patient. La prévalence est la plus élevée dans les services de réanimation (23,17 %) et les centres de lutte contre le cancer (15,81 %), ce qui s'explique par le risque accru de complications infectieuses des patients pris en charge.

Une augmentation de la prévalence des patients traités par antibiotiques

Les infections nosocomiales les plus fréquentes sont les infections urinaires, les pneumonies, les infections du site opératoire et les bactériémies, l'ensemble totalisant 70,7 % des sites infectieux documentés (71,5 % en 2017). Escherichia coli, Staphylococcus aureus, Enterococcus faecalis et Pseudomonas aeruginosa représentaient par ailleurs 48,3 % des micro-organismes isolés d’infection (une proportion relativement stable par rapport à 2017 avec 50,2 %).

Autre constat : la prévalence des patients traités par antibiotiques a augmenté de 7,5 % entre 2017 et 2022. Un patient sur six hospitalisés en établissement de santé recevait au moins un traitement antibiotique à usage systémique en 2022, soit une prévalence de 16,24 %, rapporte SPF. Dans les services de réanimation, 49,19 % sont traités par antibiotiques, et dans les services de médecine et de chirurgie, ils sont respectivement 25,72 % et 26,97 %.

Un programme européen

En 2022, les cinq molécules ou associations de molécules les plus prescrites étaient : l’association amoxicilline-acide clavulanique, la ceftriaxone, l’association pipéracilline-tazobactam, l’amoxicilline et le cotrimoxazole. Ces cinq spécialités représentaient la moitié des antibiotiques prescrits en établissements de santé (49,9 %).

« Ces résultats incitent à poursuivre les actions de prévention des infections associées aux soins en les ciblant sur les infections les plus fréquentes et à renforcer les actions en faveur du bon usage des antibiotiques », estime SPF.

L'ENP s’inscrit depuis 2011 dans un programme d’enquêtes similaires conduites dans tous les pays de l’Union européenne, sous l’égide du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). « Les premiers résultats produits au niveau européen par l’ECDC devraient être disponibles début 2024 et permettront de comparer la situation de la France à celle des autres pays », précise SPF.


Source : lequotidiendumedecin.fr