Après un espoir in vitro

La quinacrine déçoit dans les maladies à prion

Publié le 11/03/2009
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ON SE RAPPELLE que, dans des cultures de cellules murines infectées par le prion, la quinacrine s’était montrée capable de bloquer la production de protéine prion pathologique (PrPsc) à partir du prion normal (PrPc). La quinacrine étant déjà éprouvée dans le paludisme et la poyarthrite rhumatoïde, des patients atteints de maladies à prion ont réclamé un accès immédiat à la quinacrine. D’où des utilisations en ATU et la mise en place d’essais cliniques. Parmi ceux-ci, rappelons le travail d’une équipe INSERM, publié dans « Neurology » en 2004 : absence d’amélioration significative de la survie.

C’est maintenant l’équipe du Britannique John Collinge qui publie dans le « Lancet Neurology » les résultats de l’essai PRION-1 chez 107 patients présentant divers types de maladie à prion : sporadique (45), iatrogène (2), nouveau variant (18), origine génétique (42). Il n’aurait pas été éthique de conduire un essai contre placebo. Aussi, les patients se sont vus proposer le choix suivant : recevoir de la quinacrine (300 mg/j) immédiatement (option 1), ne pas recevoir de quinacrine du tout (option 2), entrer dans la randomisation placebo/quinacrine (option 3).

Parmi, les 107 patients, 23 provenaient d’une étude pilote et 84 de l’essai principal ; 2 ont choisi la randomisation (et ont reçu la quinacrine), 38 ont choisi la quinacrine d’emblée et 68 ont préféré ne pas prendre de quinacrine. Il est apparu que le choix dépendait de la sévérité de la maladie, les sujets les moins atteints et les patients les plus atteints préférant ne pas recevoir la molécule. Au cours de l’essai, 78 sujets sont décédés : 1 des 2 du groupe randomisation, 26 des 38 quinacrine d’emblée et 51 des 68 sans quinacrine. Bien que la mortalité ajustée fût plus faible chez sujets ayant reçu la quinacrine, font remarquer les auteurs, cela était dû à la sévérité de la maladie : après prise en compte de cette valeur confondante, il n’y avait pas de différence de mortalité.

Collinge J et coll. The Lancet Neurology, 10 mars 2009.

Dr E. DE V.

Source : lequotidiendumedecin.fr