L'azithromycine en dose unique, une stratégie efficace pour prévenir l'infection du post-partum dans les pays en développement

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Publié le 10/02/2023
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Crédit photo : PHANIE

Une dose orale unique d'azithromycine réduit d'un tiers le risque maternel de décès ou de sepsis après un accouchement par voie vaginale, selon l'étude A-Plus. Cet essai financé par la fondation Bill & Melinda Gates, a été mené par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH), dans des pays à revenus ou intermédiaires (Bangladesh, République démocratique du Congo, Inde, Guatemala et Kenya).

L'essai randomisé contre placebo a été mené sur 29 000 femmes, entre septembre 2020 et août 2022. Les résultats, présentés lors du 43e sommet annuel de la Société américaine de médecine maternofœtale, ont été publiés simultanément dans le « New England Journal of Medicine ». L'azithromycine a été choisie à cause de son action contre une large variété de bactéries pathogènes, dont les Ureaplasma, les Mycoplasma ainsi que certaines bactéries anaérobies.

Un bénéfice plus marqué en Afrique

Au cours des six semaines qui suivent l'accouchement, il y a eu significativement moins de sepsis et de décès dans le groupe de femmes traitées par azithromycine (2 grammes par voie orale) que dans le groupe placebo (respectivement 227/14 526, soit 1,6 %, et 344/14 637, soit 2,3 %).

En outre, les femmes sous azithromycine orale avaient moins de risque que les autres de souffrir d'endométrite post-partum ou de connaître une réhospitalisation. En revanche, la prise d'azithromycine n'avait pas d'effet sur la santé des nouveau-nés. Le risque néonatal de sepsis et de décès était similaire dans les deux groupes : 10,5 % dans le groupe azithromycine et 10,3 % dans le groupe placebo.

Le bénéfice obtenu grâce à la prise orale d'azithromycine est le même dans tous les sous-groupes de patientes. Les auteurs notent toutefois une réduction légèrement supérieure du risque de sepsis et de mortalité dans les pays africains, comparativement aux pays asiatiques.

Prévenir le sepsis maternel, une priorité de l'OMS

Ces données confirment celles fournies par des études antérieures. En 2016, les chercheurs du consortium international C/SOAP avaient montré qu'une prise intraveineuse d'azithromycine, en addition d'un traitement standard de céfazoline, réduisait de moitié l'incidence de l'infection maternelle comparée à la céfazoline seule. L'année suivante, une équipe de l'université de l'Alabama démontrait que l'utilisation de cet antibiotique est en outre coût-efficace.

La lutte contre le sepsis maternel figure sur la liste de l'Organisation mondiale de la santé des priorités en matière de santé des femmes. La stratégie de prévention du sepsis à faible coût basée sur une prise unique d'azithromycine « pourrait changer les pratiques (...) et réduire le poids du sepsis et des décès maternels », commente Diana Bianchi, directrice de l'institut national Eunice Kennedy Shriver pour la santé de l'enfant et le développement humain (NICHD). « Nous avons besoin de stratégies pour prévenir les infections pendant la grossesse, qui sont à l'origine de 10 % des décès maternels dans le monde », soit l'une des trois causes de décès les plus fréquentes dans cette population, conclut-elle.


Source : lequotidiendumedecin.fr