Le variant anglais présent dans environ 1 % des tests positifs en France, la mutation E484K des variants brésilien et sud-africain inquiète

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Publié le 13/01/2021
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Crédit photo : S.Toubon

Le variant VOC 202012/01, à l'origine de la flambée épidémique observée au Royaume-Uni, représente environ 1 % des tests positifs au Covid-19 en France, selon les résultats préliminaires de l’enquête lancée par Santé publique France, dévoilés le 12 janvier par le ministre de la Santé, Olivier Véran, lors d'une audition devant la commission des affaires sociales du Sénat.

Le virologue Bruno Lina, qui coordonne cette enquête, « me disait hier qu'il trouvait à peu près 1 % de variant d'origine anglaise parmi les PCR positives en France », a affirmé Olivier Véran, soulignant une « dispersion territoriale qui fait qu'il n'y a pas de région qui concentrerait de nombreux cas ».

Une enquête renouvelée régulièrement pour surveiller la diffusion

Lancée en fin de semaine dernière, l’enquête, dont les résultats n’ont pas été rendus publics, vise à établir une « première cartographie » de la diffusion du nouveau variant en France, expliquait alors SPF. L’ensemble des tests PCR positifs au Covid-19 pour les journées de jeudi 7 et vendredi 8 janvier ont ainsi été réanalysés avec la technique de PCR de l'entreprise Thermo Fischer qui réagit au variant dit anglais, avant que les prélèvements suspects ne soient confirmés par un séquençage génétique. L’opération « sera renouvelée très régulièrement, tous les 7 à 10 jours environ », a annoncé le ministre, indiquant que cela « permet de surveiller s'il y a une croissance de ce variant ».

Concernant l’impact de ce nouveau variant sur l'efficacité des vaccins disponibles, « les données préliminaires suggèrent que le variant britannique est reconnu par les anticorps produits par les personnes vaccinées, ce qui est plutôt rassurant, même si cela est à confirmer, a indiqué le Pr Alain Fischer, président du Conseil d'orientation de la stratégie vaccinale, dans une interview au « Quotidien ». Néanmoins, il n'est pas impossible qu'un autre variant puisse échapper aux vaccins tels qu'ils ont été développés. Ceux-ci nécessiteraient alors d'être adaptés, ce qui est faisable de manière assez rapide pour les vaccins ARN. Les variants sont donc à surveiller de très près. »

La mutation E484K, un impact potentiel sur l'efficacité vaccinale

La menace pourrait venir d’une mutation appelée E484K, portée par des variants qui ont émergé en Afrique du Sud et, plus récemment, au Brésil et au Japon (via des voyageurs venus du Brésil). Cette mutation « est la plus inquiétante de toutes » sur le plan de la réponse immunitaire, a estimé auprès de l’AFP Ravi Gupta, professeur de microbiologie à l'Université de Cambridge.

Des tests en laboratoire ont en effet montré que cette mutation semblait capable de diminuer la reconnaissance du virus par les anticorps, et donc sa neutralisation. « À ce titre, elle peut aider le virus à contourner la protection immunitaire conférée par une infection antérieure ou par la vaccination », explique le Pr François Balloux, de l'University College de Londres, cité par le Science Media Centre britannique.

À ce stade, les vaccins disponibles « devraient tous rester efficaces, mais ce qui nous inquiète, c'est la perspective de futures mutations qui s'ajouteraient » à celles qu'on observe déjà, alerte le microbiologiste Ravi Gupta, appelant à « vacciner le plus vite possible partout dans le monde ».

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr