Les développements de l'antibiorésistance chez l'homme et l'animal se développent de concert

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Publié le 05/04/2023
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Crédit photo : PHANIE

Des chercheurs ont démontré pour la première fois que la consommation d'antibiotiques chez les animaux d'élevage se traduit par une augmentation des niveaux d'antibiorésistance chez l'homme, et vice versa. Cette conclusion, qui va dans le sens d'une approche « One health » de la prévention de l'antibiorésistance, a été publiée dans « The Lancet Planetary Health » par une équipe de la faculté des maladies tropicales et infectieuses de Londres.

Les chercheurs ont travaillé à partir des données d'antibiorésistance chez l'homme et l'animal dans plusieurs territoires en 2018, ainsi que sur les données disponibles en matière de consommation d'antibiotiques. Ils ont également pris en compte un certain nombre de facteurs socio-économiques et environnementaux. Ils ont, pour cela, mobilisé de nombreuses sources : données de l'Organisation mondiale de la santé, de la banque mondiale, et rapports du centre pour les politiques, l'économie et la dynamique des maladies.

Des données en faveur d'une approche intégrée

Comme déjà constaté dans d'autres études, la consommation d'antibiotiques chez l'animal était associée à une augmentation de l'incidence des infections bactériennes résistantes chez l'homme. Ce qui est plus nouveau, c'est que cette relation n’était pas unilatérale puisqu'une forte consommation d'antibiotiques en santé humaine dans une région donnée était aussi associée à une hausse de la résistance bactérienne chez l'animal.

Plus globalement, les taux les plus élevés d'antibiorésistance chez les animaux d'élevage étaient relevés dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, notamment au Bangladesh, en Chine et en Inde. Des facteurs socio-économiques comme les inégalités ou la mortalité causée par un manque d'hygiène étaient aussi des indicateurs forts de risque d'antibiorésistance.

Dans leurs conclusions, les chercheurs londoniens estiment que la réduction seule de la consommation d'antibiotiques ne suffira pas à combattre l'épidémie globale d'infections antibiorésistantes. Ils plaident en faveur d'une approche beaucoup plus intégrée, qui prenne en compte à la fois le développement social, la réduction de la pauvreté et la mise en place et le respect de règles strictes d'utilisation des antibiotiques. Ils suggèrent aussi que des efforts soient faits pour améliorer la surveillance, en particulier dans les pays à revenus faibles et intermédiaires.

En 2019, les bactéries antibiorésistantes ont été à l'origine de près de 1,3 million de décès.


Source : lequotidiendumedecin.fr