Lyme chronique : « Il faut mettre des limites », estime l'Académie

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Publié le 20/09/2016
LYME

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Crédit photo : PHANIE

Alors que le ministère de la Santé s'apprête à présenter un plan aux associations de patients de la maladie de Lyme (ML) dans un contexte de polémique très vive en France et aux États-Unis, l'Académie nationale de médecine vient de consacrer une séance dédiée le 20 septembre avec des intervenants scientifiques* de bord différent, voire opposé.

« Il y a des limites à mettre si l'on ne veut pas mettre en péril le système de soins », estime le Pr François Bricaire, infectiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et modérateur de la séance.

« Une mauvaise réponse » aux patients

En ligne de mire, est visée la vision non consensuelle des formes tardives et leur prise en charge empirique par traitements antibiotiques prolongés, comme le défendent les associations de patients fédérées autour du Pr Christian Perronne, de l'hôpital de Garches. Ce fer de lance du Lyme chronique revendique jusqu'à 80 % de guérison au bout de plusieurs mois.

Si l'Académie reconnaît que « la ML est une maladie polymorphe et donc complexe », elle estime que le « Lyme, problématique de pays riches, s'avère être le plus souvent une mauvaise réponse à des patients qui souffrent (...) ». L'Académie s'alarme du risque « de diagnostics de ML par facilité, aboutissant à des erreurs diagnostiques, des pertes de chances en donnant de faux espoirs » ainsi que du risque d'antibiorésistance.

Des directives pour la recherche

Des incertitudes existent pourtant dans la ML, les tests en particulier « sont encore imparfaits », souligne l'Académie, « la sérologie, complexe et non complètement standardisée ». À ce titre, tous les intervenants s'accordent pour rappeler que la sérologie ne doit pas être prescrite à la phase primaire d'érythème chronique migrant, le diagnostic étant clinique.

Si l'Académie reconnaît l'existence de formes tardives de ML avec des manifestations objectives bien décrites, elle s'interroge sur la légitimité de vouloir lui rattacher « des manifestations cliniques subjectives » telles que des céphalées, des maux de dos, des pertes de mémoire, une asthénie.

Afin d'éclairer les décideurs, l'Académie recommande de « ne pas céder à la facilité des affirmations empiriques mais de ne s'appuyer que sur des preuves scientifiques ». Il convient, selon elle, de travailler sur la responsabilité d'autres agents infectieux transmis par les tiques. L'Académie appelle à disposer d'études contrôlées « sur des sujets sélectionnés (...) avec des traitements ayant un rationnel et ce contre placebo ».

 

* Pr Daniel Christmann, infectiologue au CHU de Strasbourg, Pr Christain Perronne, infectiologue à l'hôpital de Garches, le Pr Benoît Jaulhac du Centre national de référence du CHU de Strasbourg, le Pr Muriel Vayssier-Taussat de l'INRA.


Source : lequotidiendumedecin.fr